dimanche 23 mars 2008

Sur un âne oui, dans une voiture non

Traduction d'un article d'El pais sur une féministe saoudienne. Sa première revendication est celle de pouvoir conduire





Wajiha al Huweidar et Fouzia l'Ayouni, deux saoudiennes sont entrées le mois dernier dans un institut de beauté de Dhahran, la capitale pétrolière de l'Arabie Saoudite, et ont demandé aux clientes de signer leur pétition adressée au roi Abdalá. " Il est venu le temps d'octroyer aux femmes le droit naturel de conduire un véhicule, un droit refusé par des raisons purement sociales et injustifiées" disait le texte.


J'ai été surpris de voir que 90 % de celles qui le lisaient étaient d'accord, mais que plusieurs ne l'on pas signé par crainte des représailles possibles", remarque Al Huweidar, 46 ans, fondatrice du comité saoudien illégal des défenseurs du droit des femmes à conduire. Néanmoins, elles ont obtenu 1.100 signatures en une semaine, qui comportaient celles d'une poignée d'hommes.




Elles avaient des motifs d'avoir peur. À la veille de la première guerre du Golfe, il y a 17 ans, une centaine de femmes saudiennes avaient profité de la présence massive de la presse internationale dans le royaume pour exprimer sa première revendication. Elles avaient conduit durant quelques minutes par les rues de Riyad, la capitale.




Le roi Fahd avait ordonnait qu'elles fussent punis. Certaines ont passé un jour en prison, la police a retiré son passeport aux autres et les leaders supposées ont perdu leur emploi. "Cette fois il ne s'est rien passé", Al Huweidar se réjouit. Elle ne regrette pas, cependant, de n' avoir reçu aucune réponse.






Son militantisme féministe a commencé avec la publication d'articles dans des journaux saudiens, Al Watan et Arab News, jusqu'à ce que le Ministère de l'Intérieur lui défende d'écrire. Des mois après, elle s'est accroché une pancarte sur laquelle on pouvaity lire : "donnez aux femmes ses droits!" et elle s'est placé, en août 2006, sur le pont qui lie l'Arabie Saoudite avec les Bahrein.


Elle est y resté 20 minutes avant que la police ne l'arrête.
Et encore elle a eu le temps qu'un automobiliste lui demande à grands cris "pourquoi elle exigeait les droits des femmes quand même les hommes ne jouissaient pas de ces droits ?", raconte -elle en riant.
L'interrogatoire a commencé lorsque la police des moeurs est arrivé- l'agent de la police religieuse qui veille à la moralité des femmes, qui répétait les versets du Coran sur ce que doit être le comportement d'une femme pieuse.




Elle fut libérée quand son frère - "aux yeux de la police nous les femmes, nous sommes mineur", explique-t-elle - a signé une déclaration sur laquelle elle s'engageait à ne pas récidiver.
Elle n'a pas respecté le contrat et Al Huweider est tombée le mois suivant aux mains des mabahit, la police secrète qui l'a envoyée dans un commissariat pour qu'elle avoue sa tentative d'organiser une une manifestation dans la rue le jour de la fête nationale.




Maintenant Al Huweidar et son comité récemment créé ont opté pour une pétition pour le roi, ce qui comporte moins de risques qu'une manifestation. "L'interdiction est absurde parce que les familles riches doivent employer un chauffeur immigrant pour transporter leurs femmes et parfois celui-ci n'est même musulman", explique-t-elle. : "quand je pense que ma mère et une des mes grand-mère se déplaçaient seules sur un âne ou sur chameau d'un endroit vers un autre!"






Un clerc saoudien s'oppose à ce que les femmes prennent le volant parce qu'en circulant seule elles peuvent être plus facilement victime d'abus, et courent le risque d'être agressées en cas d'accident grave et elles seront plus enclines aux aventures extramatrimoniales. En conséquence, les valeurs islamiques s'éroderaient.








La pétition a eu peu d'écho dans la presse saoudienne mais les journaux al Watan et Al Hayat ont publié plusieurs articles sur le sujet. Quelques lecteurs exprimèrent leur admiration" pour le vaillant combat" des femmes alors que les autres de concert avec le clergé ont soutenu qu'" autoriser les femmes à conduire serait considéré comme un péché mortel"




Mais Al Huweidar est encore optimiste. "Des rumeurs circulent sur le fait que nous pourrions nous mettre au volant à partir de 30 ou 35 ans", commente-t-elle. "Je soupçonne qu'il prépare l'opinion à annoncer une décision".
Le droit de conduire est premier pas dans la lutte qu'Al Huweider et les trois féministes qui dirigent le comité-Fouzia à l'Ayouni, Ebtihal Mubarak et Haifa Ansra - ont l'intention de développer dans ce pays allié privilégié des Etats Unies




Les femmes doivent pouvoir sortir dans la rue sans être accompagnées par un homme de sa famille, doivent pouvoir effectuer des formalités administratives - comme solliciter un passeport - sans se voir obligé de déléguer un homme et, finalement, doivent être écoutées par les tribunaux qui jugent les cas qui les affectent ", souligne-t-elle.
"Même des avocates - une profession récemment ouverte aux femmes - ne peuvent pas arriver devant le juge à défendre leurs clientes", s'indigne-t-elle.
"Tout son travail se déroule au bureau", poursuit-elle.


"Ici il arrive régulièrement qu'une épouse arrive chez elle et ne réussisse pas à ouvrir la porte parce que son mari a changé la serrure", assure Al Huweider en rappelant le cas d'une amie. "Alors un domestique lui remet la sentence de divorce sollicité par son conjoint(conjointe) et il lui indique que ses biens ont été envoyées à la maison de ses parents".
Tout n'est pas négatif. Elle reconnaît que depuis l'intronisation d'Abdallah, en 2005, " il souffle une brise "d'ouverture"


Nous recevons une meilleure éducation et accédons à un plus grand nombre de postes de travail jusqu'au point de représenter 9 % de la main d'oeuve"." Cela aura des effets positifs ".


Source : http://www.elpais.com/articulo/internacional/burro/coche/elpepuint/20071013elpepiint_9/Tes



Aucun commentaire: