Qui n’a jamais lu ou entendu dans les différents discours de promotion de la science dans les pays islamiques les propos qu’auraient tenus le Prophète de l’islam de son vivant « L’encre du savant vaut mieux que le sang du martyr » , «Cherchez la science serait-ce jusqu'en Chine, s'il le faut »ou « Les savants sont les héritiers des prophètes » ?
Ces deux hadiths censés démontrer l’importance pour Mahomet de la science -dans son acceptation conceptuelle moderne- dans la nouvelle religion sont non seulement incomplets et parfois faibles du point de vue de la fiabilité[1] mais leur interprétation actuelle est typiquement occidentalocentriste.
Rémi Brague, « professeur de la philosophie de langue arabe » à l’Université Panthéon-Sorbonne(Paris I) dans son ouvrage Au moyen du Moyen Age nous décode le concept de 'Ilm en islam.
[...]En islam, la ligne de démarcation ne passe pas entre le savoir et un autre domaine (foi, religion etc), mais entre deux types de savoir : sciences islamiques et sciences extérieures.
Le mot arabe pour le « savoir »[‘ilm,’âlim au pluriel par extension‘ulama =savant]possède d’emblée une connotation religieuse. Et réciproquement, la religion représente un « savoir ».
La période ayant précédé l’islam est désigné classiquement comme « l’ignorance »(jâhiliyya). On répète à satiété un hadith faisant éloge du « savoir » : « cherchez le savoir, même en Chine ». Rien de tel pour propager l’image d’un islam ami des sciences, compatible avec la modernité, voire facteur de progrès, etc. En fait, lorsque le hadith fut mis en circulation, il ne s’agissait nullement d’une légitimation de la physique ou de la géographie. Le mot ’ilm ne signifie science que s’il est employé en un rapport d’annexion : « science de la nature », « science de la langue », etc. Employé absolument, il désigne le savoir religieux, plus précisément la connaissance révélée par Dieu des devoirs de l’homme.
Le hadith en question fait partie d’une série de déclarations mises dans la bouche de Mahomet et disant ses mérites de ceux qui n’hésitent pas à entreprendre de longs voyages pour aller recueillir de la bouche même des transmetteurs des traditions sur le Prophète[2]. [Ce mouvement de collecte est symbolisé par l’expression fî talab al-‘ilm « à la recherche de la science »]
Il s’agit donc d’un hadith apportant une légitimation du hadith lui-même, non du savoir en général. Une description de l’Extrême Orient à l’usage des négociant le remarque avec surprise : les Chinois n’ont pas de ‘ilm. Le traducteur français ajoute avec raison : " Les chinois n’ont pas de science " [3][...]
Ces deux hadiths censés démontrer l’importance pour Mahomet de la science -dans son acceptation conceptuelle moderne- dans la nouvelle religion sont non seulement incomplets et parfois faibles du point de vue de la fiabilité[1] mais leur interprétation actuelle est typiquement occidentalocentriste.
Rémi Brague, « professeur de la philosophie de langue arabe » à l’Université Panthéon-Sorbonne(Paris I) dans son ouvrage Au moyen du Moyen Age nous décode le concept de 'Ilm en islam.
[...]En islam, la ligne de démarcation ne passe pas entre le savoir et un autre domaine (foi, religion etc), mais entre deux types de savoir : sciences islamiques et sciences extérieures.
Le mot arabe pour le « savoir »[‘ilm,’âlim au pluriel par extension‘ulama =savant]possède d’emblée une connotation religieuse. Et réciproquement, la religion représente un « savoir ».
La période ayant précédé l’islam est désigné classiquement comme « l’ignorance »(jâhiliyya). On répète à satiété un hadith faisant éloge du « savoir » : « cherchez le savoir, même en Chine ». Rien de tel pour propager l’image d’un islam ami des sciences, compatible avec la modernité, voire facteur de progrès, etc. En fait, lorsque le hadith fut mis en circulation, il ne s’agissait nullement d’une légitimation de la physique ou de la géographie. Le mot ’ilm ne signifie science que s’il est employé en un rapport d’annexion : « science de la nature », « science de la langue », etc. Employé absolument, il désigne le savoir religieux, plus précisément la connaissance révélée par Dieu des devoirs de l’homme.
Le hadith en question fait partie d’une série de déclarations mises dans la bouche de Mahomet et disant ses mérites de ceux qui n’hésitent pas à entreprendre de longs voyages pour aller recueillir de la bouche même des transmetteurs des traditions sur le Prophète[2]. [Ce mouvement de collecte est symbolisé par l’expression fî talab al-‘ilm « à la recherche de la science »]
Il s’agit donc d’un hadith apportant une légitimation du hadith lui-même, non du savoir en général. Une description de l’Extrême Orient à l’usage des négociant le remarque avec surprise : les Chinois n’ont pas de ‘ilm. Le traducteur français ajoute avec raison : " Les chinois n’ont pas de science "
Notes :
[1]hadith complet : Ainsi, Les Savants sont les héritiers des Prophètes. Les Prophètes ne lèguent aucun dinar ni dirhem, par contre, ils lèguent la science. Celui qui s'emparera d'elle (la science), se pourvoira d'un privilège grandissant. » [ Rapporté par Abou Daoud, Tirmidhi, Ibn Madja et AI-Béihaqi ]
«L'encre du savant est préférable au sang du martyr » Il ajouta : «Demandez la science du berceau jusqu'à la tombe.» Ensuite il dit : «Cherchez la science serait-ce jusqu'en Chine, s'il le faut..» Dans ce cas précis, je n’ai pas pu ou su trouver les références précises.
[2]I.Goldziher, Etudes sur la tradition islamiques, trad. L.Bercher, Paris, Maisonneuve,1952, p.218
[3]Ahbâr as-Sîn wa l-Hind. Relations de la Chine et de l’Inde, éd.J. Sauvager, Paris, Les Belles lettres, 1948 §72 p.26.4 [voir aussi trad. M. Reinaud, Relation des voyages faits par les Arabes et les Persans dans l'Inde et à la Chine dans le IX siècle de l'ère chrétienne, Imprimerie nationale, 1848 p. 57 " Les Chinois n’ont pas de science proprement dite. Le principe de leur religion est dérivé de l’Inde" disponible sur http://books.google.fr/books?id=oKA2AAAAMAAJ&pg=PA57&dq=Les+Chinois+n%E2%80%99ont+pas+de+science+proprement+dite.+Le+principe+de+leur+religion+est+d%C3%A9riv%C3%A9+de+l%E2%80%99Inde ]
cité in Rémi Brague, Au moyen du moyen age, Les éditons de la Transparence, 2006 p.210
«L'encre du savant est préférable au sang du martyr » Il ajouta : «Demandez la science du berceau jusqu'à la tombe.» Ensuite il dit : «Cherchez la science serait-ce jusqu'en Chine, s'il le faut..» Dans ce cas précis, je n’ai pas pu ou su trouver les références précises.
[2]I.Goldziher, Etudes sur la tradition islamiques, trad. L.Bercher, Paris, Maisonneuve,1952, p.218
[3]Ahbâr as-Sîn wa l-Hind. Relations de la Chine et de l’Inde, éd.J. Sauvager, Paris, Les Belles lettres, 1948 §72 p.26.4 [voir aussi trad. M. Reinaud, Relation des voyages faits par les Arabes et les Persans dans l'Inde et à la Chine dans le IX siècle de l'ère chrétienne, Imprimerie nationale, 1848 p. 57 " Les Chinois n’ont pas de science proprement dite. Le principe de leur religion est dérivé de l’Inde" disponible sur http://books.google.fr/books?id=oKA2AAAAMAAJ&pg=PA57&dq=Les+Chinois+n%E2%80%99ont+pas+de+science+proprement+dite.+Le+principe+de+leur+religion+est+d%C3%A9riv%C3%A9+de+l%E2%80%99Inde ]
cité in Rémi Brague, Au moyen du moyen age, Les éditons de la Transparence, 2006 p.210
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