vendredi 29 décembre 2006

Hassan Al-Tourabi : islam et politique


« Toute vie publique dans l’Islam est religieuse, étant pénétrée par l’expérience du divin. Sa fonction est la recherche du service de Dieu comme il s’exprime de façon concrète dans la chari’a, la loi religieuse. [...]Il [l’état islamique]est assujetti aux normes les plus élevées de la chari’a qui représente la volonté de Dieu »
Esposito, Voices of Resurgent Islam , Oxford University Press, 1983 p.242


« Les caractéristiques de l’Etat islamique découlent de l’enseignement du Coran, conformément à son application dans la pratique politique du Prophète Mohammed et constituent un éternel modèle que les Musulmans sont obligés d’adopter comme une référence parfaite pour tous les temps. »
Esposito, Voices of Resurgent Islam , Oxford University Press, 1983 p.241

mercredi 27 décembre 2006

Analyse de la constitution de l'Etat islamique par Ichem Djait

Loin de l'idéologie victimisante professée par nombres d'apologètes musulmans-ceux dont le jugement est influencé subjectivement ou non par l"hégémonie" occidentale-, l'analyse de l'historien musulman Ichem Djait met en exergue les tenants et les aboutissants de la constitution de l'Etat islamique par Mahomet. D'après l'auteur, le prophète a délibérément voulu la confrontation totale avec ses concurrents religieux et/ou politique. La guerre devient un élément essentielle pour mener sa politique impérialiste et constituer progressivement un Etat. En devenant un prophète-guerrier, Mahomet transforme la nature de l'islam. La doctrine religieuse ne pourra plus s'affranchir du cadre étatique, pas plus que ce dernier ne pourra s'émanciper complétement du poids du logos de la nouvelle religion.




"
L’état islamique s’est constitué en trois étapes : la première au moment de l’hégire quand a émergé un pouvoir prophétique ; la deuxième en l’an 5 H , après le siège de Médine ou Khandaq, quand ce pouvoir a acquis les principaux attributs de l’Etat,(....),la troisième après la mort du Prophète avec Abû Bakr quand l’Etat islamique a montré qu’il pouvait réduire par la force toute dissidence. Sans doute parmi les fondements de ce Etat faut-il citer l’autorité suprême de Dieu, le charisme prophétique , la constitution d’une communauté de solidarité ou Umma, l’éclosion et l’instauration d’une législation, l’apparition d’un rituel unificateur. Il s’agit là des éléments constructifs de l’Etat, qui donnent au premier noyau sa cohésion.




Mais envisagé au niveau de toute l’arabie et par sa relation avec l’extérieur, cet Etat s’est bâti sur la guerre, sur la constitution d’une force d’intervention qui allait être l’instrument réel de l’expansion de l’Etat islamique.(....)
Dieu a ordonné la guerre à son prophète nous dit la Tradition, (...)L’émigration hors de la Cité Impie, la rupture avec le milieu tribal, s’est conjuguée avec un tournant majeur dans la conception même de la prophétie convertie désormais à la politique et à la guerre. (...)
l’initiative offensive, très rapidement, allait se révéler comme la raison d’être de cette cité, et de même la constitution d’une force de frappe (....)
La bataille de Badr, la manière dont toute l’affaire a été menée, prouve bien que le Prophète avait l’intention, lors de la deuxième aqaba, de déclarer la guerre à Quraysh, une guerre ininterrompue, et qu’il ne s’agissait nullement d’un pacte de défense.(...) A Badr, on remarque que le butin est devenu un élément déterminant pour entraîner les hommes.
La bataille de Badr va consolider le pouvoir d'arbitrage du prophète à Médine et lui permettre de lancer de manière assurées l'action guerrière. Elle le montre, vis-à-vis des autres Arabes, sous le visage d’un challenger de la puissance qurayshite. Enfin, elle va lui permettre de préciser sa politique vis-à-vis des juifs : en individualisant l’islam comme religion, et en faisant des juifs une cible. A chaque crise guerrière(Badr, Uhud, Khandaq, Hudaybiya), les juifs vont payer le prix fort non seulement parce qu’ils sont le témoin négateur vivant mais aussi pour alimenter en butin. ceux qui suivent le Prophète et le nouveau pouvoir en formation lui-même. D’où l’expulsion des B. Qaynuqa, plus tard celle des B. Nadir, plus tard encore le massacre des B. qurayza, enfin la prise de Kaybar. La bataille d'Uhud n'était rien d'autre que la réplique de celle de Badr et sa revanche pour les Qurayshites. Du côté de l'Etat islamique naissant, elle démontra une remarquable capacité de résistance. Le prophète pouvait aussi mobiliser plus d'hommes et étendre sa sphère d'influence. A côté des tribus de Juhayna et de Muzayna, il réussit à satelliser celle de Khuza'a, ancienne gardienne de la Ka'aba, détrôné par Quraysh depuis Qusayy, mais vivant dans la mouvance de la Mecque. Sans l'islamiser encore, sauf par quelques individus, cette tribu va montrer sa solidarité agissante envers le prophète : elle entre dans son système d'alliances, joue un rôle diplomatique et d'espionnage.

Expansionnisme en germe vers le monde bédouin du Najd, diplomatie, confiscation des biens juifs des B. Nadir et rôle distributeur de butin de l'Etat caractérisent cette phase transisiton qui se place entre Badr et le Khandaq.[...]
Plus que jamais, l’Etat islamique en formation tend à devenir un Etat-butin, se pliant aux lois de la guerre de la péninsule, mais avec une détermination et une régularité inusitées dans les guerres intertribales
Surtout, l’épisode du massacre froid et rationnel des B. Qurayza va inaugurer une violence d’Etat et de guerre véritable, absolument inédite en Arabie et qui dérive des pratiques de l’Orient ancien : massacre de la totalité des hommes, mise en esclavage des femmes et des enfants. La violence bédouine n’avait pas cette allure systématique, cette détermination, cette organisation et elle ne se déployait pas à si grande échelle. L’élément étatique intervient mais aussi le secours de l’idéologie religieuse, avec la vision claire d’un avenir à défendre et à qui il faut sacrifier, massivement des vies humaines. L’émergence de ce type de violence organisée va saisir de stupeur les Arabes en général et Quraysh en particulier
. "

Ichem Djait La grande Discorde, religion et politique dans l’islam des origines, gallimard, 1989, p. 39 -41

jeudi 7 décembre 2006

Ali Benhadj : laïcité, extermination,antisémitisme et califat



« En islam, il n’y a pas de laïcité. La laïcité est née dans les sociétés permissives et dévoyées. Elle est née dans les sociétés occidentalisées. La laïcité est née après la destruction de l’Eglise. Ces hommes de religion qui vendaient les pardons dans les confessionnaux.... C’est après la Révolution française que la laïcité a vu le jour. Ceux qui sont à l’origine de la Révolution française sont les juifs. »


« Nous sommes un peuple musulman, hommes et femmes qui ont fait des sacrifices pour la religion musulmane, pour éradiquer les mécréants et les impies. Comment voulez-vous que réagisse le peuple si on touche à sa religion, sa foi ? Il devient hors la loi. Voilà le fondement de l’insécurité et de l’instabilité. »


«
Tout d’abord notre but stratégique ultime est d’instaurer le califat islamique sur le terre. Et ce califat est le père spirituel de tous les musulmans, partout dans le monde. Cela se fera par étapes. Nous commencerons par ce pays, en fondant un Etat islamique en Algérie. Après cela, nous travaillerons petit à petit avec nos frères de tous les pays musulmans et, si Dieu le veut, nous continuerons jusqu’à l’instauration du califat. Et nous ne nous conterons pas de moins de ce que ce califat qui gouvernera l’ensemble de la oumma à la lumière du Coran et de la Sunna....
C’est une lutte entre la vérité et le mensonge. C’est une lutte entre la loi de Dieu et celle des hommes. C’est une lutte entre la loi du ciel et celle de la terre. C’est une lutte entre la révélation d’Allah et celle de Satan.
»

Ali Belhadj Al Watan al’arbi 27 juillet 1990

Interdits et obligation du dhimmi pour se déplacer(2)

Par la pression diplomatique et la colonisation, les états occidentaux firent progressivement cesser ce type de pratique pour les chrétiens[1]. En revanche, l' interdiction de monter à cheval demeura en vigueur pour le Juif jusqu’au début du XX siècle au Yemen et dans les campagnes du Maroc, de Libye, d’Irak et de la Perse. S’il ne descendait de son âne assez vite à la vue du Musulman ce dernier le jetait à terre.


« Des ces régions perdues[régions du Sahara],le juif ne peut un cheval, ni
un âne devant un Arabe. Le cavalier juif, quand il voit un arabe, doit vite
descendre et marcher à pied, tenant sa monture qu’à ce que l’Arabe disparasse au
tournant de la route.
Si le juif oublie ou met trop longtemps à descendre,
l’Arabe rappelle Juif « aux bonnes convenances » en le
jetant à terre.
Les Juifs de Gebel(une de ces localités) me racontent
que dans l’espace de vingt ans trois israélites ont été tués pour ce fait. Le
juif ne peut témoigner et n’oserait jamais accuser son voleur.
»
Lettre du 16/05/1905 de J. Hoefler[enseignant à l’école des garçons AIU,Tripoli] au président AIU, Paris, Archives Alliance Israelite Universelle Libye I. C. 12 cité in Littman David Gerald Jews under Muslim rules in the late nineteenth century Wiener Library Bulletin, 28, ns 35/36, 1975 p.75-76


[1]http://islamiquementincorrect.blogspot.com/search/label/Aspect%20de%20la%20dhimmitude

mardi 5 décembre 2006

Interdits et obligations du dhimmi pour se déplacer (1)

Les chevaux et les chameaux, animaux nobles, étaient interdits aux dhimmis. Ceux-ci devaient se contenter d’ânes, dont l’usage à certaines époques ne fut permis qu’à l’extérieur des villes. Seuls des bâts en guise de selles, munis d’étriers grossiers en bois furent autorisés :

« L’infidèle, sujet de notre Souverain, ne saurait monter à cheval, mais
l’âne ou le mulet lui sont permis quelle qu’en soit la valeur ; il doit se
servir d’un ikâf[bât] et d’étriers en bois, car les étriers en fer lui sont
défendus aussi bien que la selle ; sur le chemin il doit se ranger de côté pour
laisser passer un Musulman ; on ne saurait le traiter en personnage
d’importance, ni lui donner la première place dans une réunion
»

Nawawi, III Minjâd p.285.


Cet aspect de la soumission est bien remarqué par les différents voyageurs occidentaux visitant les terres d'islam. D'autant plus que cette pratique s'applique à leur personne.


"Et il y a une coutume en Syrie, que nul Chrétien qui soit connu n’ose
aller à cheval parmi les rues des villes. Pour cette cause, notre[moucre] nous
fait descendre messire et moi
."


Bertrandon de la Broquière Le voyage d'outremer de Bertrandon de La Broquière, premier écuyer tranchant et conseiller de Philippe le Bon, duc de Bourgogne publ. et annot. par Ch. Schefer, Paris, Leroux, 1892 p.32-33
Disponible en version originale[vieux français] http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1037921/f116.table


Quelques siècles plus tard, une expédition diplomatique du roi de France est soumis à ce même régime humiliant.


"M. Begue monta à cheval le demain de grand matin. Ses officiers étaient sur
des mulets, tous les autres sur des ânes ; c’est le cérémonial de l’Egypte. Il
n’est permis qu’aux Consuls d’avoir un cheval ; encore faut-il que le Pacha le
leur donne, ou le leur prête. Ses officiers par grâce ont des mulets, et tout le
reste de quelque qualité qu’ils soient n’ont que des ânes, voiture à la vérité
assez commode ; mais qui marque le mépris que les Turcs font des Chrétiens et
des juifs , qu’ils traitent à peu près de la même manière
"


Mémoires du chevalier d'Arvieux, envoyé extraordinaire du Roy à la Porte, consul d'Alep, d'Alger, de Tripoli et autres Échelles du Levant : contenant ses voyages à Constantinople, dans l'Asie, la Syrie, la Palestine, l'Égypte et la Barbarie... / recueillis... de ses Mémoires originaux et mis en ordre par le R. P. Jean-Baptiste Labat,..Volume I, p.165
Disponible en version originale[vieux français] sur : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/CadresFenetre?O=NUMM-61866&M=imageseule



Un siècle plus tard, c'est au tour d'un représentant de la couronne britannique d'employer les moyens de transport de la dhimmitude.
Ainsi, Alexander Drummond, consul britannique à Alep (1771-1758) décrivit, non sans humour l’inconfort d’une telle monture lors de son passage à Famagouste(Chypre)


« Je montais une mule fournie d’un bât rembourré déchiré et ravaudé, si
encombrant, que je traînais comme un mendiant sur un sac de laine ; au lieu d’un
fouet, on me donna un bâton aiguisé, d’un pied de long, avec lequel je devais
piquer l’épaule du paresseux animal pour accélérer son pas ; des éperons
auraient été aussi inutiles qu’un fouet, car mes jambes étaient si écartées, que
je n’aurais pu approcher mon talon d’un demi-yard du flanc de l’animal. Toutes
ces circonstances rendirent mon voyage si malaisé, que je fus obligé de me
remuer de cinq cents façons avant de terminer mon voyage, qui bien que je ne
comptant pas plus de 24 milles, me fatigua autant que si j’avais parcouru plus
de cent milles par jour. Comme les Turcs ne permettent pas aux Chrétiens de
monter en ville, je fus obligé de descendre et de marcher le long du pont
»
Alexander Drummond, Travel throught different cities of Germany, Italy, Greece and Several Parts of Asia, as far as the Banks of the Euphrates, in a Series of Letters, Londres, Strahan, 1754, p.138







On retrouve ces mêmes conditions dans tous les textes juridiques concernant les dhimmis. Vers 1772, le cheikh al-Aldawi postulait dans sa fatwa


"Il ne convient pas, de l’avis de plusieurs ulémas, et de tous même , en
général, que les zimmis se placent sur un pied d’égalité avec les ulémas, les
émirs et les chérifs quant aux vêtements et aux montures. Ils ne peuvent monter
ni chevaux, ni mules, ni ânes de prix ; ils ne peuvent se servir de bâts de
valeur, et les princes et les chefs de l’Etat, doivent, non seulement leur en
interdire l’usage ; mais ils sont obligés même de les châtier et de les ramener
à un état d’avilissement et d’abjection[...]on ne leur permettra pas d’élever la
voix en présence des musulmans, ni d’avoir des domestiques qui les suivent, et
encore moins qui leur fassent faire place dans le chemin. On ne leur laissera
pas porter des habits d’une étoffe fine, mais, au contraire, ils revêtiront des
vêtements grossiers et communs ; on ne leur petmettra pas de donner à leurs
maisons plus de hauteurs qu’à celles des musulmans ; il ne leur sera pas permis
non plus de les décorer à l’extérieur. C’est un devoir pour les princes
musulmans, à qui Dieu a donné l’autorité, de leur interdire toute ces choses et
de les punir et des les châtier en cas de contravention
»
Al-Adawi « Fetoua »[1772] ; Réponse à une question » tr. de l’arabe par [François-Alphonse]Belin, 1852 pp.108-109

En 1793, Al-Damanhûri, juriste égyptien, résume la manière dont les dhimmis doivent se déplacer.

« Ni juif ni Chrétien n’a le droit de monter à cheval avec ou sans selle.
Ils peuvent monter sur âne avec un bât[...] S’ils passent près d’un groupe de
Musulmans, ils doivent mettre pied à terre et ne peuvent monter[un âne] qu’en
cas d’urgence, maladie ou départ pour la campagne et leur chemin doit être rendu
étroit
»
Al-Damanhûri, Iqamaat al Hujja al-bahira ala hadm kana'is Misr wa-l-Qahira [1739]




Voici comment un voyageur danois décrit cette situation en 1761 :

«
Au Caire il n’est point permis aux chrétiens et aux Juifs d’aller à cheval
: ils n’osent monter des ânes, et ils sont obligés même de descendre de cette
monture, à la rencontre du moindre seigneur égyptien. Ces seigneurs paroissent
toujours à cheval, précédés d’un domestique insolent et armé d’un gros baton,
qui averti ceux qui sont montés sur des ânes, de donner au seigneur les marques
dues de respect, en leur criant, enfil [enzel], descends. Si l’infidèle n’obéit
pas sur le champ, il y est forcé à coups de bâton. Un marchand françois fut
estropié en pareille occasion ; on insulta aussi notre médecin pour n’avoir
sauté assez lestement de son âne. Par cette raison, un Européen ne peut gueres
se promener dans les rues, sans avoir un homme qui connoisse tous ces seigneurs,
et qui les lui montre à tems. Au commencement, en passant par le Caire, je me
faisais précéder par mon janissaire et suivre par mon domestique, tous deux
montés comme moi, sur des ânes. Mais essuyant l’humiliation de voir ces deux
jeunes musulmans rester sur leurs montures, pendant que j’étois forcé d’en
descendre, je prile parti de marcher à pied
.

Il est vrai qu’on
pousse en Egypte plus loin que dans aucun pays de l’orient ces distinctions
ordinaires, envers les mahométans et ceux qui professent une autre religion. Les
chrétiens et les juifs doivent mettre pied à terre devant d’autres maison du
grand Kadi ; devant plus d’une vingtaine d’autres maisons, où les magistrats
rendent la justice ; devant la porte des janissaires, et devant plusieurs
mosquées. Il ne leur est pas seulement permis de passer à pied à côté de
quelques mosquées, réputées pour leur sainteté ; ni par le quartier El-Karafe,
où ils sont obligés de faire un détour pour éviter ces endroits, dont le sol
même est sacré aux yeux du peuple, qui ne souffre pas qu’il soit profané par des
pieds infidèles
»

Niebhur (Karsten) Voyage de Mr Niebuhr en Arabie et en d'autres pays de L'Orient, avec l'extrait de sa description de l'Arabie et des observations de Mr Forskal, Suisse, Les librairies Associés,1780 Volume I pp 80-81


Et un voyageur anglais visitant la Palestine en 1816 :
« Toute notre route de Nazareth à Sook-el-Khan avait été plus ou moins
raboteuse et vallonnée, mais, en quittant ce lieu, nous arrivâmes dans une
plaine fertile. Le long de notre chemin en cet endroit, nous rencontrâmes un
groupe de Juifs sur des ânes, allant de Tibériade au marché public, et comme ils
me prirent pour un Musulman à cause de ma robe turque et de mon turban blanc,
tous descendirent de leurs montures et passèrent près de nous à pied. Ces
persécutés sont tenus en tel mépris ici qu’il leur est interdit de rester montés
devant un Musulman, alors qu’on accepte que les Chrétiens restent sur leurs
mules et leurs ânes, quoiqu’ils ne puissent monter à cheval sans la stricte
permission du Pacha
»

James Silk Buckingham, Travels in Palestine throught the Countries of Bashan and Gilead, East of the river Jordan, including a visit to the cities of Geraza and Gamala in the Decapolis, Londres, Longman, 1821, p.457

Ali Belhadj : la démocratie et l'islam


Ali Belhadj est un disciple de Moustapha Bouyali, fondateur du premier maquis islamiste dans l’Algérie indépendante, le Mouvement islamique armé( MIA) en juillet 1982 [1]


« L’idée démocratique est au nombre des innovations intellectuelles néfastes qui obsèdent la conscience des gens. Ils l’entendent du matin au soir, oublient qu’il s’agit d’un poison mortel dont le fondement est impie. [...] La démocratie est un mot grec, inconnu dans la langue du siècle béni.[...] C’est donc un mot né sur la terre de l’impiété, de la corruption et de la tyrannie.[...]Frères d’islam, sachez que nous refusons tous le dogme démocratique impie, sans la moindre faiblesse[...]. Le mot liberté est compris de façon antagoniste dans la pensée libérale, dans l’existentialisme et dans le marxisme. Derrière ces trois idéologies occidentales, qui se réclament d’une liberté totale, se cachent de dangereux mobiles dont le plus grave est la victoire du matérialisme et du marxisme et d’un propagande licencieuse et athée. Tout cela répond aux objectifs contenus dans les Protocoles des Sages de Sion. Selon les termes du premier protocole, « nous avons été les premiers à en appeler aux peuples au nom de liberté, égalité, fraternité. Ces mots n’ont cessé d’être serinés jusqu’à aujourd’hui par des perroquets ; ils ont corrompu le monde comme ils ont corrompu les vraies libertés de l’individu. Le mot liberté dresse les groupes humains contre toute autorité, jusqu’à la sunna de Dieu.[...]Le mort liberté est au nombre des poisons maçonniques et juifs, destinés à corrompre le monde sur une grande échelle »

Ali Belhadj « Un coup de massue porté au dogme démocratique » El Mounquid n°23, septembre 1990


« Il n’y a pas de démocratie parce que la seule source du pouvoir, c’est Allah, à travers le Coran et non le peuple. Si le peuple vote contre la loi de Dieu, cela n’est rien d’autre qu’un blasphème. Dans ce cas, il faut tuer tous ces mécréants pour la bonne raison que ces derniers veulent substituer leur autorité à celle de Dieu. La démocratie est un kufr [mécréance, impiété]... En démocratie, la souveraineté est celle du peuple, de la racaille et des charlatans. »

Ali Belhadj Horizons, 23 février 1989






[1]Gilles Kepel A l’ouest d’allah p.227-229

vendredi 1 décembre 2006

Tolérante Al-Andalùs : Une société raciste et esclavagiste (2)

<< Au dernier rang de la société d’al-Andalus par leur faiblesse numérique mais aussi par le peu de considération qui leur est portée, les esclaves africains. Quasi inexistants dans les années qui suivent la conquête, ils arrivent par petits groupes sous Abdar Rahman III, importés plus nombreux par Mansur. On n’en cite aucun qui soit parvenu, comme les sakaliba[esclaves des de l’Europe centrale et orientale]s, à de hautes fonctions dans les armée ou l’administration. Lorsqu’ils tentent, comme eux, de s’agiter, ils sont vite ramenés à la raison du plus fort. Ils sont présents dans l’armée ; il y a une garde noire, mais aux échelons les plus bas.Dans la société, on emploie les Noirs comme domestiques, et surtout comme concubines du maître de maison, où, dit-on, elles sont parfaites. Mais les fruits des unions croisées sont mal considérés. Les mulâtres sont méprisés et eux-mêmes haïssent la société qui les rejette. « Si vous voilà l’esprit tranquille par suite de mon départ, mon esprit l’est encore plus de vous avoir quittés »versifie l’un deux qui avait été contrait à l’exil.>>

André Clot L'espagne musulmane VIII-XV siècle, Perrin, 1999 p.239





QUATRIÈME DISCOURS PRÉLIMINAIRE
Qui traite de l’influence exercée par l’air sur le caractère des hommes.

<<
Nous avons tous remarqué que le caractère des Nègres se com­pose, en général, de légèreté, de pétulance et d’une vive gaieté : aussi les voit on se livrer à la danse chaque fois qu’ils en trouvent la moindre occasion ; de sorte que, partout, ils ont une réputation de folie. La véritable cause de ce phénomène est celle ci : selon un principe qui est bien établi dans les traités de philosophie, la joie et la gaieté résultent naturellement de la dilatation et de l’expansion des esprits animaux, tandis que la tristesse dérive de la cause contraire, c’est à dire de la contraction et de la condensation de ces esprits. On a constaté que la chaleur dilate l’air et la vapeur, les raréfie et en augmente le volume ; c’est pourquoi l’homme ivre éprouve une sensation inexprimable de joie et de plaisir. La cause en est que la vapeur de l’esprit qui réside dans le cœur se pénètre de cette chaleur innée que la force du vin excite naturellement dans l’esprit : alors cet esprit se dilate et produit une sensation qui a le caractère de la joie. Il en est de même de ceux qui prennent le plaisir d’un bain : lorsqu’ils en respirent la vapeur, et que la chaleur de cette atmos­phère pénètre jusqu’à leurs esprits et les échauffe, il en résulte pour eux un sentiment de plaisir, qui souvent se manifeste par des chants joyeux.
Comme les Nègres habitent un climat chaud, que la chaleur pré­domine sur leur tempérament, et que, d’après le principe de leur être, la chaleur de leurs esprits doit être en rapport direct avec celle de leurs corps et de leur climat, il en résulte que ces esprits, comparés à ceux des peuples du quatrième climat, sont extrêmement échauf­fés, se dilatent bien plus aisément, éprouvent un sentiment plus ra­pide de joie et de plaisir, et un degré d’expansion plus considérable : ce qui a pour résultat l’étourderie
.>>

Ibn khaldun Prolégomènes
traduits en Français et commentés par William MAC GUCKIN, Baron DE SLANE, membre de l’Institut.Volume 1 p.213-214
disponible http://classiques.uqac.ca/classiques/Ibn_Khaldoun/Prolegomenes_t1/ibn_pro_I.doc