vendredi 29 décembre 2006

Hassan Al-Tourabi : islam et politique


« Toute vie publique dans l’Islam est religieuse, étant pénétrée par l’expérience du divin. Sa fonction est la recherche du service de Dieu comme il s’exprime de façon concrète dans la chari’a, la loi religieuse. [...]Il [l’état islamique]est assujetti aux normes les plus élevées de la chari’a qui représente la volonté de Dieu »
Esposito, Voices of Resurgent Islam , Oxford University Press, 1983 p.242


« Les caractéristiques de l’Etat islamique découlent de l’enseignement du Coran, conformément à son application dans la pratique politique du Prophète Mohammed et constituent un éternel modèle que les Musulmans sont obligés d’adopter comme une référence parfaite pour tous les temps. »
Esposito, Voices of Resurgent Islam , Oxford University Press, 1983 p.241

mercredi 27 décembre 2006

Analyse de la constitution de l'Etat islamique par Ichem Djait

Loin de l'idéologie victimisante professée par nombres d'apologètes musulmans-ceux dont le jugement est influencé subjectivement ou non par l"hégémonie" occidentale-, l'analyse de l'historien musulman Ichem Djait met en exergue les tenants et les aboutissants de la constitution de l'Etat islamique par Mahomet. D'après l'auteur, le prophète a délibérément voulu la confrontation totale avec ses concurrents religieux et/ou politique. La guerre devient un élément essentielle pour mener sa politique impérialiste et constituer progressivement un Etat. En devenant un prophète-guerrier, Mahomet transforme la nature de l'islam. La doctrine religieuse ne pourra plus s'affranchir du cadre étatique, pas plus que ce dernier ne pourra s'émanciper complétement du poids du logos de la nouvelle religion.




"
L’état islamique s’est constitué en trois étapes : la première au moment de l’hégire quand a émergé un pouvoir prophétique ; la deuxième en l’an 5 H , après le siège de Médine ou Khandaq, quand ce pouvoir a acquis les principaux attributs de l’Etat,(....),la troisième après la mort du Prophète avec Abû Bakr quand l’Etat islamique a montré qu’il pouvait réduire par la force toute dissidence. Sans doute parmi les fondements de ce Etat faut-il citer l’autorité suprême de Dieu, le charisme prophétique , la constitution d’une communauté de solidarité ou Umma, l’éclosion et l’instauration d’une législation, l’apparition d’un rituel unificateur. Il s’agit là des éléments constructifs de l’Etat, qui donnent au premier noyau sa cohésion.




Mais envisagé au niveau de toute l’arabie et par sa relation avec l’extérieur, cet Etat s’est bâti sur la guerre, sur la constitution d’une force d’intervention qui allait être l’instrument réel de l’expansion de l’Etat islamique.(....)
Dieu a ordonné la guerre à son prophète nous dit la Tradition, (...)L’émigration hors de la Cité Impie, la rupture avec le milieu tribal, s’est conjuguée avec un tournant majeur dans la conception même de la prophétie convertie désormais à la politique et à la guerre. (...)
l’initiative offensive, très rapidement, allait se révéler comme la raison d’être de cette cité, et de même la constitution d’une force de frappe (....)
La bataille de Badr, la manière dont toute l’affaire a été menée, prouve bien que le Prophète avait l’intention, lors de la deuxième aqaba, de déclarer la guerre à Quraysh, une guerre ininterrompue, et qu’il ne s’agissait nullement d’un pacte de défense.(...) A Badr, on remarque que le butin est devenu un élément déterminant pour entraîner les hommes.
La bataille de Badr va consolider le pouvoir d'arbitrage du prophète à Médine et lui permettre de lancer de manière assurées l'action guerrière. Elle le montre, vis-à-vis des autres Arabes, sous le visage d’un challenger de la puissance qurayshite. Enfin, elle va lui permettre de préciser sa politique vis-à-vis des juifs : en individualisant l’islam comme religion, et en faisant des juifs une cible. A chaque crise guerrière(Badr, Uhud, Khandaq, Hudaybiya), les juifs vont payer le prix fort non seulement parce qu’ils sont le témoin négateur vivant mais aussi pour alimenter en butin. ceux qui suivent le Prophète et le nouveau pouvoir en formation lui-même. D’où l’expulsion des B. Qaynuqa, plus tard celle des B. Nadir, plus tard encore le massacre des B. qurayza, enfin la prise de Kaybar. La bataille d'Uhud n'était rien d'autre que la réplique de celle de Badr et sa revanche pour les Qurayshites. Du côté de l'Etat islamique naissant, elle démontra une remarquable capacité de résistance. Le prophète pouvait aussi mobiliser plus d'hommes et étendre sa sphère d'influence. A côté des tribus de Juhayna et de Muzayna, il réussit à satelliser celle de Khuza'a, ancienne gardienne de la Ka'aba, détrôné par Quraysh depuis Qusayy, mais vivant dans la mouvance de la Mecque. Sans l'islamiser encore, sauf par quelques individus, cette tribu va montrer sa solidarité agissante envers le prophète : elle entre dans son système d'alliances, joue un rôle diplomatique et d'espionnage.

Expansionnisme en germe vers le monde bédouin du Najd, diplomatie, confiscation des biens juifs des B. Nadir et rôle distributeur de butin de l'Etat caractérisent cette phase transisiton qui se place entre Badr et le Khandaq.[...]
Plus que jamais, l’Etat islamique en formation tend à devenir un Etat-butin, se pliant aux lois de la guerre de la péninsule, mais avec une détermination et une régularité inusitées dans les guerres intertribales
Surtout, l’épisode du massacre froid et rationnel des B. Qurayza va inaugurer une violence d’Etat et de guerre véritable, absolument inédite en Arabie et qui dérive des pratiques de l’Orient ancien : massacre de la totalité des hommes, mise en esclavage des femmes et des enfants. La violence bédouine n’avait pas cette allure systématique, cette détermination, cette organisation et elle ne se déployait pas à si grande échelle. L’élément étatique intervient mais aussi le secours de l’idéologie religieuse, avec la vision claire d’un avenir à défendre et à qui il faut sacrifier, massivement des vies humaines. L’émergence de ce type de violence organisée va saisir de stupeur les Arabes en général et Quraysh en particulier
. "

Ichem Djait La grande Discorde, religion et politique dans l’islam des origines, gallimard, 1989, p. 39 -41

jeudi 7 décembre 2006

Ali Benhadj : laïcité, extermination,antisémitisme et califat



« En islam, il n’y a pas de laïcité. La laïcité est née dans les sociétés permissives et dévoyées. Elle est née dans les sociétés occidentalisées. La laïcité est née après la destruction de l’Eglise. Ces hommes de religion qui vendaient les pardons dans les confessionnaux.... C’est après la Révolution française que la laïcité a vu le jour. Ceux qui sont à l’origine de la Révolution française sont les juifs. »


« Nous sommes un peuple musulman, hommes et femmes qui ont fait des sacrifices pour la religion musulmane, pour éradiquer les mécréants et les impies. Comment voulez-vous que réagisse le peuple si on touche à sa religion, sa foi ? Il devient hors la loi. Voilà le fondement de l’insécurité et de l’instabilité. »


«
Tout d’abord notre but stratégique ultime est d’instaurer le califat islamique sur le terre. Et ce califat est le père spirituel de tous les musulmans, partout dans le monde. Cela se fera par étapes. Nous commencerons par ce pays, en fondant un Etat islamique en Algérie. Après cela, nous travaillerons petit à petit avec nos frères de tous les pays musulmans et, si Dieu le veut, nous continuerons jusqu’à l’instauration du califat. Et nous ne nous conterons pas de moins de ce que ce califat qui gouvernera l’ensemble de la oumma à la lumière du Coran et de la Sunna....
C’est une lutte entre la vérité et le mensonge. C’est une lutte entre la loi de Dieu et celle des hommes. C’est une lutte entre la loi du ciel et celle de la terre. C’est une lutte entre la révélation d’Allah et celle de Satan.
»

Ali Belhadj Al Watan al’arbi 27 juillet 1990

Interdits et obligation du dhimmi pour se déplacer(2)

Par la pression diplomatique et la colonisation, les états occidentaux firent progressivement cesser ce type de pratique pour les chrétiens[1]. En revanche, l' interdiction de monter à cheval demeura en vigueur pour le Juif jusqu’au début du XX siècle au Yemen et dans les campagnes du Maroc, de Libye, d’Irak et de la Perse. S’il ne descendait de son âne assez vite à la vue du Musulman ce dernier le jetait à terre.


« Des ces régions perdues[régions du Sahara],le juif ne peut un cheval, ni
un âne devant un Arabe. Le cavalier juif, quand il voit un arabe, doit vite
descendre et marcher à pied, tenant sa monture qu’à ce que l’Arabe disparasse au
tournant de la route.
Si le juif oublie ou met trop longtemps à descendre,
l’Arabe rappelle Juif « aux bonnes convenances » en le
jetant à terre.
Les Juifs de Gebel(une de ces localités) me racontent
que dans l’espace de vingt ans trois israélites ont été tués pour ce fait. Le
juif ne peut témoigner et n’oserait jamais accuser son voleur.
»
Lettre du 16/05/1905 de J. Hoefler[enseignant à l’école des garçons AIU,Tripoli] au président AIU, Paris, Archives Alliance Israelite Universelle Libye I. C. 12 cité in Littman David Gerald Jews under Muslim rules in the late nineteenth century Wiener Library Bulletin, 28, ns 35/36, 1975 p.75-76


[1]http://islamiquementincorrect.blogspot.com/search/label/Aspect%20de%20la%20dhimmitude

mardi 5 décembre 2006

Interdits et obligations du dhimmi pour se déplacer (1)

Les chevaux et les chameaux, animaux nobles, étaient interdits aux dhimmis. Ceux-ci devaient se contenter d’ânes, dont l’usage à certaines époques ne fut permis qu’à l’extérieur des villes. Seuls des bâts en guise de selles, munis d’étriers grossiers en bois furent autorisés :

« L’infidèle, sujet de notre Souverain, ne saurait monter à cheval, mais
l’âne ou le mulet lui sont permis quelle qu’en soit la valeur ; il doit se
servir d’un ikâf[bât] et d’étriers en bois, car les étriers en fer lui sont
défendus aussi bien que la selle ; sur le chemin il doit se ranger de côté pour
laisser passer un Musulman ; on ne saurait le traiter en personnage
d’importance, ni lui donner la première place dans une réunion
»

Nawawi, III Minjâd p.285.


Cet aspect de la soumission est bien remarqué par les différents voyageurs occidentaux visitant les terres d'islam. D'autant plus que cette pratique s'applique à leur personne.


"Et il y a une coutume en Syrie, que nul Chrétien qui soit connu n’ose
aller à cheval parmi les rues des villes. Pour cette cause, notre[moucre] nous
fait descendre messire et moi
."


Bertrandon de la Broquière Le voyage d'outremer de Bertrandon de La Broquière, premier écuyer tranchant et conseiller de Philippe le Bon, duc de Bourgogne publ. et annot. par Ch. Schefer, Paris, Leroux, 1892 p.32-33
Disponible en version originale[vieux français] http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1037921/f116.table


Quelques siècles plus tard, une expédition diplomatique du roi de France est soumis à ce même régime humiliant.


"M. Begue monta à cheval le demain de grand matin. Ses officiers étaient sur
des mulets, tous les autres sur des ânes ; c’est le cérémonial de l’Egypte. Il
n’est permis qu’aux Consuls d’avoir un cheval ; encore faut-il que le Pacha le
leur donne, ou le leur prête. Ses officiers par grâce ont des mulets, et tout le
reste de quelque qualité qu’ils soient n’ont que des ânes, voiture à la vérité
assez commode ; mais qui marque le mépris que les Turcs font des Chrétiens et
des juifs , qu’ils traitent à peu près de la même manière
"


Mémoires du chevalier d'Arvieux, envoyé extraordinaire du Roy à la Porte, consul d'Alep, d'Alger, de Tripoli et autres Échelles du Levant : contenant ses voyages à Constantinople, dans l'Asie, la Syrie, la Palestine, l'Égypte et la Barbarie... / recueillis... de ses Mémoires originaux et mis en ordre par le R. P. Jean-Baptiste Labat,..Volume I, p.165
Disponible en version originale[vieux français] sur : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/CadresFenetre?O=NUMM-61866&M=imageseule



Un siècle plus tard, c'est au tour d'un représentant de la couronne britannique d'employer les moyens de transport de la dhimmitude.
Ainsi, Alexander Drummond, consul britannique à Alep (1771-1758) décrivit, non sans humour l’inconfort d’une telle monture lors de son passage à Famagouste(Chypre)


« Je montais une mule fournie d’un bât rembourré déchiré et ravaudé, si
encombrant, que je traînais comme un mendiant sur un sac de laine ; au lieu d’un
fouet, on me donna un bâton aiguisé, d’un pied de long, avec lequel je devais
piquer l’épaule du paresseux animal pour accélérer son pas ; des éperons
auraient été aussi inutiles qu’un fouet, car mes jambes étaient si écartées, que
je n’aurais pu approcher mon talon d’un demi-yard du flanc de l’animal. Toutes
ces circonstances rendirent mon voyage si malaisé, que je fus obligé de me
remuer de cinq cents façons avant de terminer mon voyage, qui bien que je ne
comptant pas plus de 24 milles, me fatigua autant que si j’avais parcouru plus
de cent milles par jour. Comme les Turcs ne permettent pas aux Chrétiens de
monter en ville, je fus obligé de descendre et de marcher le long du pont
»
Alexander Drummond, Travel throught different cities of Germany, Italy, Greece and Several Parts of Asia, as far as the Banks of the Euphrates, in a Series of Letters, Londres, Strahan, 1754, p.138







On retrouve ces mêmes conditions dans tous les textes juridiques concernant les dhimmis. Vers 1772, le cheikh al-Aldawi postulait dans sa fatwa


"Il ne convient pas, de l’avis de plusieurs ulémas, et de tous même , en
général, que les zimmis se placent sur un pied d’égalité avec les ulémas, les
émirs et les chérifs quant aux vêtements et aux montures. Ils ne peuvent monter
ni chevaux, ni mules, ni ânes de prix ; ils ne peuvent se servir de bâts de
valeur, et les princes et les chefs de l’Etat, doivent, non seulement leur en
interdire l’usage ; mais ils sont obligés même de les châtier et de les ramener
à un état d’avilissement et d’abjection[...]on ne leur permettra pas d’élever la
voix en présence des musulmans, ni d’avoir des domestiques qui les suivent, et
encore moins qui leur fassent faire place dans le chemin. On ne leur laissera
pas porter des habits d’une étoffe fine, mais, au contraire, ils revêtiront des
vêtements grossiers et communs ; on ne leur petmettra pas de donner à leurs
maisons plus de hauteurs qu’à celles des musulmans ; il ne leur sera pas permis
non plus de les décorer à l’extérieur. C’est un devoir pour les princes
musulmans, à qui Dieu a donné l’autorité, de leur interdire toute ces choses et
de les punir et des les châtier en cas de contravention
»
Al-Adawi « Fetoua »[1772] ; Réponse à une question » tr. de l’arabe par [François-Alphonse]Belin, 1852 pp.108-109

En 1793, Al-Damanhûri, juriste égyptien, résume la manière dont les dhimmis doivent se déplacer.

« Ni juif ni Chrétien n’a le droit de monter à cheval avec ou sans selle.
Ils peuvent monter sur âne avec un bât[...] S’ils passent près d’un groupe de
Musulmans, ils doivent mettre pied à terre et ne peuvent monter[un âne] qu’en
cas d’urgence, maladie ou départ pour la campagne et leur chemin doit être rendu
étroit
»
Al-Damanhûri, Iqamaat al Hujja al-bahira ala hadm kana'is Misr wa-l-Qahira [1739]




Voici comment un voyageur danois décrit cette situation en 1761 :

«
Au Caire il n’est point permis aux chrétiens et aux Juifs d’aller à cheval
: ils n’osent monter des ânes, et ils sont obligés même de descendre de cette
monture, à la rencontre du moindre seigneur égyptien. Ces seigneurs paroissent
toujours à cheval, précédés d’un domestique insolent et armé d’un gros baton,
qui averti ceux qui sont montés sur des ânes, de donner au seigneur les marques
dues de respect, en leur criant, enfil [enzel], descends. Si l’infidèle n’obéit
pas sur le champ, il y est forcé à coups de bâton. Un marchand françois fut
estropié en pareille occasion ; on insulta aussi notre médecin pour n’avoir
sauté assez lestement de son âne. Par cette raison, un Européen ne peut gueres
se promener dans les rues, sans avoir un homme qui connoisse tous ces seigneurs,
et qui les lui montre à tems. Au commencement, en passant par le Caire, je me
faisais précéder par mon janissaire et suivre par mon domestique, tous deux
montés comme moi, sur des ânes. Mais essuyant l’humiliation de voir ces deux
jeunes musulmans rester sur leurs montures, pendant que j’étois forcé d’en
descendre, je prile parti de marcher à pied
.

Il est vrai qu’on
pousse en Egypte plus loin que dans aucun pays de l’orient ces distinctions
ordinaires, envers les mahométans et ceux qui professent une autre religion. Les
chrétiens et les juifs doivent mettre pied à terre devant d’autres maison du
grand Kadi ; devant plus d’une vingtaine d’autres maisons, où les magistrats
rendent la justice ; devant la porte des janissaires, et devant plusieurs
mosquées. Il ne leur est pas seulement permis de passer à pied à côté de
quelques mosquées, réputées pour leur sainteté ; ni par le quartier El-Karafe,
où ils sont obligés de faire un détour pour éviter ces endroits, dont le sol
même est sacré aux yeux du peuple, qui ne souffre pas qu’il soit profané par des
pieds infidèles
»

Niebhur (Karsten) Voyage de Mr Niebuhr en Arabie et en d'autres pays de L'Orient, avec l'extrait de sa description de l'Arabie et des observations de Mr Forskal, Suisse, Les librairies Associés,1780 Volume I pp 80-81


Et un voyageur anglais visitant la Palestine en 1816 :
« Toute notre route de Nazareth à Sook-el-Khan avait été plus ou moins
raboteuse et vallonnée, mais, en quittant ce lieu, nous arrivâmes dans une
plaine fertile. Le long de notre chemin en cet endroit, nous rencontrâmes un
groupe de Juifs sur des ânes, allant de Tibériade au marché public, et comme ils
me prirent pour un Musulman à cause de ma robe turque et de mon turban blanc,
tous descendirent de leurs montures et passèrent près de nous à pied. Ces
persécutés sont tenus en tel mépris ici qu’il leur est interdit de rester montés
devant un Musulman, alors qu’on accepte que les Chrétiens restent sur leurs
mules et leurs ânes, quoiqu’ils ne puissent monter à cheval sans la stricte
permission du Pacha
»

James Silk Buckingham, Travels in Palestine throught the Countries of Bashan and Gilead, East of the river Jordan, including a visit to the cities of Geraza and Gamala in the Decapolis, Londres, Longman, 1821, p.457

Ali Belhadj : la démocratie et l'islam


Ali Belhadj est un disciple de Moustapha Bouyali, fondateur du premier maquis islamiste dans l’Algérie indépendante, le Mouvement islamique armé( MIA) en juillet 1982 [1]


« L’idée démocratique est au nombre des innovations intellectuelles néfastes qui obsèdent la conscience des gens. Ils l’entendent du matin au soir, oublient qu’il s’agit d’un poison mortel dont le fondement est impie. [...] La démocratie est un mot grec, inconnu dans la langue du siècle béni.[...] C’est donc un mot né sur la terre de l’impiété, de la corruption et de la tyrannie.[...]Frères d’islam, sachez que nous refusons tous le dogme démocratique impie, sans la moindre faiblesse[...]. Le mot liberté est compris de façon antagoniste dans la pensée libérale, dans l’existentialisme et dans le marxisme. Derrière ces trois idéologies occidentales, qui se réclament d’une liberté totale, se cachent de dangereux mobiles dont le plus grave est la victoire du matérialisme et du marxisme et d’un propagande licencieuse et athée. Tout cela répond aux objectifs contenus dans les Protocoles des Sages de Sion. Selon les termes du premier protocole, « nous avons été les premiers à en appeler aux peuples au nom de liberté, égalité, fraternité. Ces mots n’ont cessé d’être serinés jusqu’à aujourd’hui par des perroquets ; ils ont corrompu le monde comme ils ont corrompu les vraies libertés de l’individu. Le mot liberté dresse les groupes humains contre toute autorité, jusqu’à la sunna de Dieu.[...]Le mort liberté est au nombre des poisons maçonniques et juifs, destinés à corrompre le monde sur une grande échelle »

Ali Belhadj « Un coup de massue porté au dogme démocratique » El Mounquid n°23, septembre 1990


« Il n’y a pas de démocratie parce que la seule source du pouvoir, c’est Allah, à travers le Coran et non le peuple. Si le peuple vote contre la loi de Dieu, cela n’est rien d’autre qu’un blasphème. Dans ce cas, il faut tuer tous ces mécréants pour la bonne raison que ces derniers veulent substituer leur autorité à celle de Dieu. La démocratie est un kufr [mécréance, impiété]... En démocratie, la souveraineté est celle du peuple, de la racaille et des charlatans. »

Ali Belhadj Horizons, 23 février 1989






[1]Gilles Kepel A l’ouest d’allah p.227-229

vendredi 1 décembre 2006

Tolérante Al-Andalùs : Une société raciste et esclavagiste (2)

<< Au dernier rang de la société d’al-Andalus par leur faiblesse numérique mais aussi par le peu de considération qui leur est portée, les esclaves africains. Quasi inexistants dans les années qui suivent la conquête, ils arrivent par petits groupes sous Abdar Rahman III, importés plus nombreux par Mansur. On n’en cite aucun qui soit parvenu, comme les sakaliba[esclaves des de l’Europe centrale et orientale]s, à de hautes fonctions dans les armée ou l’administration. Lorsqu’ils tentent, comme eux, de s’agiter, ils sont vite ramenés à la raison du plus fort. Ils sont présents dans l’armée ; il y a une garde noire, mais aux échelons les plus bas.Dans la société, on emploie les Noirs comme domestiques, et surtout comme concubines du maître de maison, où, dit-on, elles sont parfaites. Mais les fruits des unions croisées sont mal considérés. Les mulâtres sont méprisés et eux-mêmes haïssent la société qui les rejette. « Si vous voilà l’esprit tranquille par suite de mon départ, mon esprit l’est encore plus de vous avoir quittés »versifie l’un deux qui avait été contrait à l’exil.>>

André Clot L'espagne musulmane VIII-XV siècle, Perrin, 1999 p.239





QUATRIÈME DISCOURS PRÉLIMINAIRE
Qui traite de l’influence exercée par l’air sur le caractère des hommes.

<<
Nous avons tous remarqué que le caractère des Nègres se com­pose, en général, de légèreté, de pétulance et d’une vive gaieté : aussi les voit on se livrer à la danse chaque fois qu’ils en trouvent la moindre occasion ; de sorte que, partout, ils ont une réputation de folie. La véritable cause de ce phénomène est celle ci : selon un principe qui est bien établi dans les traités de philosophie, la joie et la gaieté résultent naturellement de la dilatation et de l’expansion des esprits animaux, tandis que la tristesse dérive de la cause contraire, c’est à dire de la contraction et de la condensation de ces esprits. On a constaté que la chaleur dilate l’air et la vapeur, les raréfie et en augmente le volume ; c’est pourquoi l’homme ivre éprouve une sensation inexprimable de joie et de plaisir. La cause en est que la vapeur de l’esprit qui réside dans le cœur se pénètre de cette chaleur innée que la force du vin excite naturellement dans l’esprit : alors cet esprit se dilate et produit une sensation qui a le caractère de la joie. Il en est de même de ceux qui prennent le plaisir d’un bain : lorsqu’ils en respirent la vapeur, et que la chaleur de cette atmos­phère pénètre jusqu’à leurs esprits et les échauffe, il en résulte pour eux un sentiment de plaisir, qui souvent se manifeste par des chants joyeux.
Comme les Nègres habitent un climat chaud, que la chaleur pré­domine sur leur tempérament, et que, d’après le principe de leur être, la chaleur de leurs esprits doit être en rapport direct avec celle de leurs corps et de leur climat, il en résulte que ces esprits, comparés à ceux des peuples du quatrième climat, sont extrêmement échauf­fés, se dilatent bien plus aisément, éprouvent un sentiment plus ra­pide de joie et de plaisir, et un degré d’expansion plus considérable : ce qui a pour résultat l’étourderie
.>>

Ibn khaldun Prolégomènes
traduits en Français et commentés par William MAC GUCKIN, Baron DE SLANE, membre de l’Institut.Volume 1 p.213-214
disponible http://classiques.uqac.ca/classiques/Ibn_Khaldoun/Prolegomenes_t1/ibn_pro_I.doc

mercredi 29 novembre 2006

Tolérante al-Andalus : une société raciste et esclavagiste(1) ?

« Quant au marchand d’esclaves, il baigne quatre heures durant une esclave un peu trop basanée dans une préparation destinée à lui éclaircir la peau et utilise divers procédés pour fabriquer des fausses vierges. D’autres recettes relèvent moins directement du registre de la fraude, mais sont tout aussi pittoresques : on épile la jeune esclave avec de la chaux vive, des oeufs ou larve de foumi-sans doute en onguent- de l’huil où l’on a fait cuire des grenouilles ou des salamandres, on parfume les aisselles avec diverses préparations à l’eau de rose, on utilise des pâtes pour supprimer ou éclaircir les taches de la peau et les grains de beauté.Avec le commerce des esclaves, on touche à une autre dimension des activités commerciales, celle des trafics à longue distance de denrées de prix élevé, que nous connaissons en fait beaucoup moins bien que les activités journalières des souks »

Pierre Guichard Al-Andalus une histoire de l'Andalousie arabe 711-1492 p.163




Extrait d’une théorie de hiérarchisation des peuples selon le climat par Sa’id al Andalousi, cadi de la cité musulmane de Tolède au XI siècle :


« Entre le dernier des septs climats et les limites du monde habité, la distance excessive du soleil à la ligne du zénith rend l’air froid et l’atmosphère épaisse. De là viennent à ceux qui habitent le plus au nord un tempérament frigide, des humeurs âcres, un ventre bouffi, une coloration pâle et de longs cheveux plats. Il leur manque l’acuité de la compréhension, la clarté de l’intelligence, et c’est pourquoi ils baignent dans l’ignorance et l’apathie, l’absence de discernement et la stupidité. Tels sont les Slaves, les Bulgares et leurs voisins. A l’opposé, au voisinage et au-dessous de la ligne d’équinoxe, vers le sud, la longue présence du soleil au zénith rend l’air chaud et l’atmosphère ténue. C’est pourquoi les peuples qui vivent là ont le tempérament chaud et les humeurs ardentes, une couleur noire et des cheveux laineux. Il leur manque la maîtrise de soi et l’églité d’humeur, et ils sont dominés par l’inconstance, la bétise et l’ignorance. Tels sont les Noirs qui vivent aux limites de l’Ethiopie ; les Nubiens, les Zanj et leurs pareils. »

Sa’id Al-Andalusi, Tabaqat al-Umam, Paris, 1935 p.37,38

Tolérante Al-Andalus : une société d'apartheid (2)?



Dans tout cet ensemble de lois, la pire est sans doute le rituel imposé pour le paiement de la capitation, tel qu’il est décrit dans un manuscrit arabe conservé à la bibliothèque de l’Escurial, pour les dhimmi qui vivent non dans une zone ou ville autonome, mais dans le dar al-Islam, comme membre d’une communauté infidèle dans un quartier urbain, dans un faubourg ou à la campagne. Ce paiement a lieu à jour fixe, une fois par mois, en public. Les musulmans qui assistent à cette séance ont le droit de bousculer et rudoyer l’infidèle qui vient « faire acte de soumission » en payant son tribut personnel ; ils cirent effectivement à cet « impie » : « Oh ! Ennemi d’Allah, paye la capitation ! » C’est une sorte de spectacle. Chacun de ceux qui doivent payer est tenu de se présenter personnellement, ne pouvant envoyer un émissaire à sa place : il doit donc entrer dans la pièce où se trouve le percepteur musulman, qui se tien normalement assis à l’orientale, sur une natte ou un tapis ; il doit rester debout devant lui ; puis, en lui tendant son argent[65] Ce cérémonial s’applique d’une manière relativement enjouée et non dénuée d’une certaine camaraderie condescendante. Il n’ en est pas moins humiliant. Mais est-il souvent en vigueur ? On peut se le demander car les impôts sont parfois affermés ; il est vrai que l’affermage ne semble effectué que pour la contribution foncière ; la capitation payable en numéraire et suivant un tarif fixe, a pu facilement échapper à ce mode de perception. Quant aux préposé aux impôts, dans les communautés de dhimmi, ils semblent avoir été des comptables-et agents recenseurs-, plus que des percepteurs à proprement parler.Tout ce qui touche à l’essentiel, c’est-à-dire à la religion, est entouré de règles strictes et d’interdits. Si dans un ménage chrétien, la femme se convertit à l’Islam, le mariage est automatiquement rompu ; au contraire si c’est le mari qui devient musulman, sa femme, même si elle reste chrétienne, est obligée de rester son épouse.Un chrétien ne peut hériter d’un mahométan, sauf,-nous l’avons dit- s’il est esclave et si c’est son maître qui lui fait un petit legs en mourant. Si l’esclave d’un dhimmi se convertit à l’Islam, il doit être immédiatement vendu à un musulman. Un infidèle ne peut avoir à son service aucun mahométan, même comme salarié. Il est interdit aux chrétiens d’apprendre le Coran et d’en parler à leurs enfants, de même qu’il leur est défendu de parler du Christ avec des musulmans. Si l’Islam admet que ces « polythéistes » gardent des églises, ils n’ont pas pourtant pas le droit d’en construire de nouvelles, ni de nouveaux couvent ou ermitages ; ils ne sont pas davantage autorisés à surélever leurs anciens édifices religieux ; ils ont seulement le droit de les maintenir en bon état, mais il ne leur est pas permis de réparer ceux d’entre eux qui se seraient détériorés, surtout s’ils sont dans un quartier musulman. Tout est prévu dans le moindre détail : il est interdit de remplacer dans ces édifices, des murs ou constructions de brique crue par des éléments en pierre ; si une église était en construction avec une façade inachevée au moment de l’incorporation de son territoire au dar al-Islam, la façade ne doit pas être terminée ; seuls des achèvements intérieurs sont possibles ; ne sont licites que des « surélèvements de portes d’églises », « s’ils sont rendus nécessaires par un exhaussement du sol »[66]Eglises et chapelles doivent être ouvertes constamment, de jour et de nuit ; les voyageurs musulmans qui le désirent doivent y être logés et nourris durant trois jours. A l’intérieur d’un église, on ne doit sonner cloches et clochettes que très doucement, « en faisant le moins de bruit possible », et il est interdit de « trop élever la voix » en priant, surtout si un musulman se trouve l’édifice.Aucune croix ne doit être placée à l’extérieur d’aucun bâtiment. Quand les prêtres se rendent au domicile d’un mourant ou d’un malade, ils ne doivent transporter d’une manière visible ni croix ni Evangiles, s’ils passent par des rues ou des chemin que des musulmans peuvent fréquenter. Lors des cortèges funèbres qui ne peuvent jamais être pompeux, les prières n’ont pas être dites à haute voix, et les cierges allumés sont prohibés dans les rues où vivent des musulmans. Il faut voiler le visage du défunt qui est transporté suivant l’usage médiéval sur un « brancard mortuaire ». Les chrétiens doivent être enterrés dans des cimetières qui leur sont propres, éloignés de ceux des musulmans, mais leurs familles sont parfaitement libres de placer sur les tombes des inscriptions religieuses en latin[67]En aucune circonstance et sous aucun prétexte, des processions chrétiennes ne peuvent passer dans des rues musulmanes ni dans les souks, avec des statues, des palmes, des cierges ou des chandelles. D’aucune manière, un « polythéiste » ne doit tenter de propager ses erreurs religieuses auprès des musulmans. D’ailleurs, un mahométan qui devient chrétien est immédiatement condamné à mort, même s’il est un ancien chrétien qui s’était provisoirement converti à l’Islam. Est aussi passible de la peine de mort tout chrétien, homme ou femme, qui nie la divinité d’Allah en prétendant que Jésus est Dieu, en disant de Mohammed qu’il est un faux Prophète, en dénigrant le Coran, ou en blasphémant[68]Bien que tout soit fait pour éviter promiscuité et contacts entre musulmans et chrétiens, des relations de coexistence s’établissent qui peuvent conduire à des querelles ; les deux parties en présence ne sont pas alors jugées suivant les mêmes critères : un dhimmi qui tue un mahométan peut être condamné à mort, quelles que soient les circonstances du meurtre, tandis qu’un croyant qui assassine un infidèle n’est passible de mort que s’il est convaincu de préméditation et de perfidie. Si, pour un tel meurtre, un musulman est condamné à verser une indemnité à la famille de la victime chrétienne, cette compensation est chiffrée à quatre cents dirhem ; mais s’il en acquitte une pour avoir tué un musulman, elle s’élève au double[69]En matière de droit civil, il existe également des critères de différenciation : en aucun cas, par exemple, un chrétien ne peut se rendre acquéreur d’un esclave capturé par des croyants ; et des associations commerciales entre dhimmi et musulmans ne sont possibles qui si leur direction appartient à l’un de ces derniers[70]Ainsi, toute une série de prescriptions variées régit les rapports entre infidèles et croyants. Leur nature religieuse les insère dans la Loi inflexible et inéluctable. Le plus grave est qu’elles suscitent parfois la haine et la violence contre les « protégés ». Il arrive, ici ou là, qu’une foule musulmane, où les néo-convertis se distinguent par leur arrogance, insulte et trouble des célébrations du culte chrétien, surtout les enterrements , au passage de ces cortèges funèbres, s’élèvent parfois des cris passionnés dictés par l’aversion : « Allah ! Ne sois pas miséricordieux à ces infidèles ! » Les plus excités lancent des pierres et des immondices vers le brancard mortuaire et vers les prêtres. Quand ceux-ci se déplacent isolés, ils sont parfois pris à partie par la populace, surtout par les enfants, qui s’amusent à leur jeter des pierres, en chantant quelque couplet burlesque tournant la croix en dérision[71].Certes, l’Islam n’admet pas ces excès et, en général, les autorités veillent au respect du statut des dhimmi, mais les simples transforment aisément le mépris condescendant en hargne déchaînée.


Charles emmanuel Dufourcq La vie quotidienne dans l’Europe médiévale sous domination arabe » p.161-168


[65] Simonet p.92

[66]Ibid. p.81,94,96,802 ; Amari : I, 620 ; Idriss : 178-179

[67] Simonet p. 84, 624, 802-803; Amari : I,p.618-620

[68] Simonet p. 85, 88, 802 ; Idriss p.171et 195

[69] Simonet p. 98

[70]Ibid. : p. 804

[71]Ibid. : p. 364

Tolérante Al-Andalus : une société d'apartheid(1) ?






« Les contacts des musulmans avec les chrétiens paraissent avoir été relativement limités », remarque Pierre Guichard[45]. Ce n’est pas étonnant. Les mahométans les plus croyants s’abstiennent toujours de parler à des « infidèles » ; si cela est inévitable, enseigne un faqi, il faut leur adresser la parole à distance, en prenant soin de ne pas frôler leurs vêtements[46]
Le fameux Malek ibn Anas(mort en 795), cadi de Médine, dont les préceptes sunnites, le malékisme, ont été suivis et utilisés comme règles de vie en Espagne, a défini de quelle manière le croyant (en Allah) doit se comporter. Interrogé pour savoir si l’on pouvait manger avec un « infidèle », il avait répondu : « Ce n’est pas défendu ; mais personnellement je ne cultuiverai pas l’amitié d’un chrétien »[47]
Dans une précieuse étude analytique de consultations juridiques, données par des muphtis de l’Occident musulman, l’un de nos islamologues actuels, H.R. Idris, a rassemblé une gerbe de citations instructives ; tel faqi affirme : « Mieux vaut ne pas fréquenter les gens d’une autre religion » ;et il précise on peut rendre service à un dhimmi et lui parler avec gentillesse, mais « non avec déférence ». Un autre « docteur de la loi » musulmane indique à l’un de ses coreligionnaires qui lui demande conseil : « Si un dhimmi te salue en disant : « Que le salue soit sur toi ! », réponds-lui « Sur toi ! », et rien de plus[48] »
D’ailleurs, il est interdit aux « infidèles » d’utiliser les mêmes formules de salutation et les mêmes paroles que les mahométans. Certes, les relations restent possibles : les muphtis admettent par exemple qu’un musulman puisse avoir un puits en commun avec un chrétien ; l’un deux explique pourquoi : « Ce n’est pas vicieux, car Allah n’interdit pas à ses fidèles de consommer la nourriture des dhimmi[49] »
N’empêche qu’un bon mahométan ne peut se lier avec « un polythéiste ».[50]
Chaque fois qu’un problème lui est soumis à propos de relations avec des chrétiens, tout faqi l’étudie à la lumière de ce verset du Coran, qu’il et toujours prêt à rappeler et commenter ; « Croyants ! Ne prenez pas infidèles pour confidents. Ils ne failliraient pas à vous pervertir : ils veulent votre perdition[51] ! »
Selon le savoir-vivre musulman, si un croyant éternue, son coreligionnaire qui est à proximité doit lui dire : « Qu’Allah ait pitié de toi ! » Mais –nuance- si c’est un dhimmi qui éternue, un musulman doit lui dire « Qu’allah te dirige pas le meilleur chemin ! », ou encore : « Qu’Allah t’améliore ! », phrases à double sens[52]. De même, il est recommandé aux mahométans de ne pas prendre de nouvelles d’un infidèle ni de sa « maisonnée ». Bref, envers juifs et chrétiens, il faut toujours « observer une certaine réserve ».[53]
De surcroît, des prohibitions existent. Il est formellement interdit à tout musulman de faciliter aux chrétiens la célébration de leurs fêtes, notamment de leur prêter ou louer des bêtes de somme à cette occasion[54]. L’Islam édicte de très nombreux préceptes, destinés à éviter que ne soient confondus infidèles et croyants. En Sicile, un indigène chrétien n’est pas autorisé à porter un nom propre en usage chez les musulmans. Dans al-Andalus, on n’admet pas qu’il puisse utiliser un surnom habituel chez les fidèles. En Sicile, les dhimmi sont obligés d’arborer un signe distinctif sur leurs vêtements : une sorte d’écusson ou d’insigne ; leurs turbans, s’ils en portent, doivent être d’une autre coupe ou d’une autre couleur que celles adoptées par les croyants ; si par mégarde, ils ont acquis un turban d’une couleur utilisée par les mahométans, ils ne doivent le placer sur leur tête qu’après en avoir teint autrement l’extrémité visible. Toujours en Sicile, le port d’une très large ceinture est imposé aux chrétiens : en cuir ou en laine, placée sur les habits d’une manière très voyante.
En espagne aussi, les infidèles sont tenus de ne pas avoir de vêtements ayant « la même coupe et la même forme » que ceux des musulmans, ni de chaussures de même type, ni « aucun vêtement luxueux ».[55]
Il est pareillement défendu aux dhimmi de se raser complètement la tête : on ne les autorise à tondre que la moitié antérieure du crâne. Cette curieuse réglementation est à comparer avec l’habitude hispanique des mèches sur le front : on entrevoit une sourde lutte de préceptes et de modes[56].
D’autres prescriptions sont dictées par la méfiance et la fierté : un dhimmi ne doit jamais porter d’épée ni aucune arme, ne pas en fabriquer, ne pas en avoir chez lui, il ne doit jamais discuter le pouvoir musulman ni ses décisions, ni nuire aux croyants d’aucune manière ; il est tenu de dénoncer aux autorités tout projet ou activité anti-islamique(espionnage, conspiration, fraude fiscale) et il ne doit parler qu’avec respect de la loi musulmane[57].
Plus encore : tout chrétien est, en une certaine mesure, au service des musulmans, il a l’obligation de donner l’hospitalité gratuite, avec vivre et couvert, à tout voyageur ou passant mahométan qui la lui demande.[58]
Enfin, de règles vexatoires sont en usage. Un « protégé » ne doit pas monter à cheval ; il lui faut se contenter des mules ou d’ânes ; encore doit-il s’y placer en amazone et non en cavalier, en n’utilisant que des selles et étriers pour animaux de bât et en n’empruntant, quand il est sur une de ces bêtes, que des chemins ou voies peu fréquentés.[59]
Toute infraction est sévèrement punie. Un muphti consulté au sujet d’un chrétien qui avait osé monter à cheval, déclare que ce coupable mérite vingt coups de fouet et un temps de prison[60].
Tout un « code de politesse et de respect » est imposé ; si un chrétien, monté sur une mule ou un âne, est amené à passer devant une mosquée, il doit descendre à terre dès qu’il voit l’édifice et passer devant lui à pied, à tenant sa monture par la bride. Sur la voie publique qu’il soit à pied ou monté, un dhimmi doit toujours céder le pas aux musulmans, en leur laissant le meilleur endroit où circuler. Si des infidèles sont assis en groupe, en plein air ou dans un lieu public, et qu’un musulman passe ou s’approche, entre ou sorte, ils doivent se lever ; ils doivent lui parler avec respect et lui céder un siège le cas échéant. Nulle part un dhimmi ne peut occuper une meilleure place-dans une réunion ou assemblée-qu’un mahométan[61]
Les maisons des infidèles, si elles sont proches des demeures musulmans, doivent être plus basses que celles-ci, car les incroyants ne doivent pas pouvoir regader de chez eux chez des mahométans. Ces maisons de dhimmi doivent porter un signe distinctif, pour que l’on sache qu’elles ne sont pas habitées par des musulmans. Aucune inscprition en caractères arabes ne doit figurer sur leurs portes. Il est de même interdit aux infidèles qui ont des boutiques de placer sur celles-ci des enseignes ou écriteaux rédigés dans la langue du Prophète[62].
Les femmes dhimmi ne peuvent entrer dans un hammam si des musulmanes s’y trouvent, et elles doivent en sortir si des musulmanes y arrivent ; cela est imposé au moins en Sicile[63]. Cette prescription ne semble pas appliquée pour les hommes dhimmi vis-à-vis des mahométans ; pourtant, le moindre contact est frappé d’interdit : « Un musulman qui a acheté un vêtement chrétien ne doit pas le porter quand il fait la prière.[64] » Il est vrai que les contactes impurs qui ont pu souiller le croyant avant une de ses oraisons sont lavés par les ablutions qui la précèdent. "
Charles emmanuel Dufourcq La vie quotidienne dans l’Europe médiévale sous domination arabe » p.161-168


[L'auteur est agrégé d'histoire, docteur ès lettres, professeur du Moyen Age à l'Université de Paris(Nanterre); Il est membre correspondant de la Real Academi de Buenas Lettras]

Notes p. 274 [La présentation des notes a été modifiée par rapport à l'original afin de permettre aux lecteurs de disposer des références complètes des ouvrages cités dans le texte ci-dessus]


[45] : Guichard : al-Andalus,Barcelone, 1976 p.33


[46] : Simonet Historia de los mozarabes de Espagna, Amsterdam, 1967 p.364


[47] Ibid. : p.82


[48] Idriss :"Les tributaires en Occident Musulman médiéval", Mélanges Armand Abel, Leyde,1974 p. 178


[49]Ibid. : p.184


[50]Simonet p. 81


[51]Le Coran : III 114/118


[52]Simonet p. 79


[53]Idriss p. 178


[54]Ibid. : p. 183


[55]Amari Storia dei Musulmani di Sicilia Gallino, 3 volume, Catane 1933-1939 p.55 ; Simonet : p. 79-80


[56]Simonet p.79 -80 cf supra nos page 158 -159 de ce livre


[57]Simonet p. 77, 79 et 80 Amari I,617


[58] Simonet p.92


[59]Ibid. p. 80 Amari I, 167


[60]Idriss : p.172


[61] Amari I, 617 ;II, 619; Simonet : p.80


[62] Amari I, 617 ; Simonet p. 80 -802


[63] Amari : I, 617


[64] Idriss, p.173




Compte rendu de conférence :La montée de l'islamisme dans l'université française





Compte-rendu de la réunion du Cercle Nation et République du 28 juin 2005 : Audition des professeurs Marie-Thérèse et Dominique URVOY







Situation dans l’Université d’Etat présentée par le professeur Dominique Urvoy
Le professeur Urvoy dirige actuellement la chaire de pensée et civilisation arabes à l’Université de Toulouse le Mirail.



Introduction : Peut être définie comme « islamiste » toute conduite visant à substituer les règles de l’islam aux lois de l’Etat. Dans l’Université, cela ne peut se faire par la violence, mais donne lieu à des stratégies d’ « entrisme ».


I Les facteurs de l'entrisme

Les facteurs qui les favorisent sont :

  • -le changement d’origine du personnel arabisant (disparition du vivier que constituait les arabisants du temps de la colonisation d’un côté, immigration de l’autre),

  • -la désaffection du grand public pour le fait arabe facilement associé au terrorisme,

  • -la conversion à l’islam de nombre d’arabisants d’origine « hexagonale »,

  • -enfin, les combines locales jouant sur les avantages que peut apporter la promotion d’un membre d’un parti ou d’un groupe influent en pays arabe.






II Les modalités de l’entrisme sont :

  • -la présentation sous l’étiquette neutre d’ « institut culturel » associés plus ou moins de façon continue à une structure universitaire reconnue,

  • -la mise en place systématique aux postes d’enseignement de l’arabe de membres actifs de mouvements intégristes,

  • -à partir de là, l’établissement de liens avec des individualités d’autres sections.On veut ainsi éliminer toute vision critique et renouveler en France le type d’enseignement des pays musulmans.






La question est double. Au premier niveau, il s’agit d’une subversion des exigences scientifiques reconnues dans notre système universitaire au profit de la perspective purement apologétique qui est de rigueur dans les centres d’éducation musulmans. Plus profondément, cela doit déboucher sur la formation d’un domaine ayant ses propres lois à l’intérieur de l’espace français et européen.










Source : http://www.nationetrepublique.fr/pages/dossiers/france/laicite/islamisme.html

mardi 28 novembre 2006

La dette d'al-andalus vis-à-vis de l'espagne wisigothique (1)



[...]"Un dernier rameau extrêmement ténu mais néanmoins réel, est celui des traductions réalisées dans l'Occident musulman à partir du latin. Elles sont ponctuelles et très dispersées : tables astronomique qui céderont vite devant celles qui viennent de l'Inde ; ouvrages d'agronomie véhiculant l'héritage de Columelle, qui ne sont pas conservés mais qui ont laissé des traces indiscutables dans les traités arabes d'Espagne ; textes d'intérêt historique et géographique, soit tels quels (Orose) soit par fragments(Julius Honorius, Isidore de Séville,....) Au sein de ce dernier courant, la seule trace d'influence philosophique se trouve dans la reprise par Ibn Hazm au XI siècle, de la division de la philosophie selon le modèle d'Isidore de Séville, sans que l'on sache si cela repose sur une traduction ou sur la connaissance du latin par l'auteur arabe."
Dominique Urvoy Histoire de la pensée arabe et islamique, Seuil, Paris, 2006 p.150
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Portrait d'un scientifique islamique : Cheikh Ibn Baz


Dans cet article, il n'est pas de notre propos de traiter de l'état passé ou actuel de ce que l'on appelle improprement la "science arabo-musulmane". En revanche, il convient de pointer du doigt un phénomène en expansion celui de la "science islamique". Phénomène ancien, il consiste à "établir des faits scientifiques" à partir du coran. Evidemment, ce type de procédé donne lieu à des situations ubuesques.
A travers la figure d'un des plus éminents savants musulmans, nous allons voir les contorsions des musulmans(salafistes) pour éviter le ridicule.


Il faut rappeler que feu le cheikh aziz ibn Baz était la figure religieuse la plus élevée du royaume d’'Arabie Saoudite. A la tête du Comité pour la propagation de la vertu et la prévention du vice. Il a été le président de l'université islamique de Médine et le président de la recherche scientifique. En 1982, il reçoit le prix du roi fayçal pour services internationales rendus à l’islam. Il est décédé en 1999. Ses déclarations peuvent être illustrées par des passages du coran, de la sunnah ou de la sîra de mahomet et touchent tous les domaines.

Le "grand astrophysicien" ibn baz, grand mufti d'Arabie Saoudite déclare : "la terre est plate, celui qui déclare qu'elle est sphérique est un athée méritant une punition
De même dans son « Maoussouat fatwas bin Baz »[2]( recueil de fatwas) Ibn Baz déclare que sera passible de la peine de mort :"toute personne qui affirme que le soleil est immobile .En effet, cela revient à infliger un démenti au prophète et à tous les oulémas de l'islam sont d'accord pour considérer que celui qui inflige un démenti à dieu , à son prophète ou à son livre est un impie .Sauf repentir il mérite d'être tue et prive de ses biens"

Mais l'Arabie Saoudite dispose d'autres astrophysiciens disciples du grand mufti.
Ainsi,s on fidèle second Bin Oussaïmine assure pour sa part que la preuve que c’est bien le soleil qui tourne autour de la terre se trouve dans le coran [3]
.Nous retrouvons les mêmes analyses dans les Tafsir de Baidawi ou de Zamakhshari .
Les « théories» de notre homme ont fait les délices de la presse anglaise. On retrouve la condamnation à mort qu’il a prononcé « The earth is flat. Whoever claims it is round is an atheist deserving of punishment” dans l’article de Yousef M. Ibrahim, "Muslim Edicts take on New Force",[4]


Depuis, les musulmans pro ibn Baz tente de nier ses propos en affirmant qu'il s'agit d'un complot chiite et que les propos ont été mal compris[5] tandis que les musulmans anti ibn Baz les rappellent[6] et le définissent comme un odieux innovateur .

Heureusement, malgré les démentis en arabie saoudite on est fidèle au précepte du cheikh.
Ainsi dans les conseils donnés au professeur des manuels saoudiens on peut lire : « Le professeur mettra l’accent sur la course du soleil et sur le fait que les textes du Livre et de la sunna confirment la circulation du soleil, qui le met constamment en mouvement d’un endroit à un autre-il ne reste pas fixe, mais plutôt flottant dans l’espace »[7]




[1]Jararyan Al-Shams Wa Al-Qammar Wa-Sukun Al-Ard(1982) Que l’on peut traduire par « Mobilité du Soleil et de la lune et immobilité de la terre »

[2]édite par la Direction des recherches scientifiques Riyad 1982 .Tome 3 p.157

[3]Majmouh fatawa wa rassaël Mohammed Bin Oussaïmine[ Recueil des décrets et des correspondances de Mohammed Bin Oussaïmine] Tome I, pp73 et 75

[4]The New York Times, February 12, 1995, p. A-14.peut être acheté en ligne sur http://pqasb.pqarchiver.com/nytimes/115831...ke+on+New+Force
Voir aussi l’article du Daily Times http://www.dailytimes.com.pk/print.asp?page=story_19-12-2003_pg3_5 (gratuit journal pakistanais libre)

[5]http://soufi.over-blog.com/article-1078963.html et nouvelle version http://salafs.com/modules/news/article.php?storyid=89 (le complot chiite n'est plus mentionné

[6]http://www.livingislam.org/ibaz_e.html (dans la liste de griefs adressés nous pouvons voir qu’on lui reproche d’avoir remplacé les maison de khadidja par des latrines point 17Replacing Khadija's House with Latrines)

[7]Principes de géographie physique, classe de 5e, 2001, « Introduction »p.7 cité in « La démocratie en danger »p.32
Le livre peut être acheté chez http://www.decitre.fr/service/search/fiche_detail/-/ean-9782911289675/index.dhtml

mercredi 8 novembre 2006

L'islamologue Bernard Lewis sur la "crise " de l'Islam





Entretien - L'Occident ne cesse de s'interroger sur un monde musulman qui apparaît toujours plus opaque et plus dangereux. Nul n'en conteste pourtant la gloire ancienne. Une question ne cesse donc de hanter les esprits : « Que s'est-il passé ? » C'est le titre que Bernard Lewis, un des plus grands spécialistes de l'histoire de l'islam, a donné à un brillant essai qui sort le 11 septembre chez Gallimard/Le Débat. L'auteur l'a commenté, en exclusivité pour Le Point.
Propos recueillis par Marie-Françoise Leclère et Pierre Beylau

LE POINT : Après avoir été, pendant près de mille ans, un centre de civilisation, le monde musulman s'est, écrivez-vous, « appauvri, affaibli, enfoncé dans l'ignorance ». A quel moment se situe le tournant ? Est-il possible de le dater ?
BERNARD LEWIS : Cela n'a pas été un « moment ». Le changement s'est déroulé sur plusieurs siècles. Aujourd'hui, nous pouvons regarder en arrière et essayer de le considérer dans une perspective globale, historique. Evidemment, ce n'était guère possible à l'époque, mais beaucoup de gens s'emploient, désormais, à le faire, dans le monde islamique et ailleurs. Ce changement s'est effectué de diverses manières, à des époques différentes et dans des endroits différents. A la fin du XVIIe siècle, il était général et sans équivoque.

LE POINT : L'âge d'or de l'islam est aussi celui de son expansion. L'islam ne peut-il s'épanouir que dans la conquête ?
BERNARD LEWIS : Le mode d'expansion de l'islam n'est pas du tout limité à la conquête militaire. En Asie du Sud-Est et, dans une très large mesure, en Asie centrale et en Afrique, la propagation de l'islam s'est faite par influence et persuasion.

LE POINT : Pendant des siècles, le monde musulman a été capable d'absorber les idées et les techniques venues de la Grèce, de Rome, de la Chine, de l'Inde. Puis il s'est refermé sur lui-même. Comment l'expliquez-vous ?
BERNARD LEWIS : C'est la question cruciale, à laquelle de nombreuses réponses ont été proposées. Certains imputent la faute à l'islam, ce qui est difficilement concevable, puisque la période la plus créative de cette civilisation correspond à la fois à son apogée et à un temps proche de ses origines. D'autres attribuent le changement à des écoles ou à des interprétations de l'islam dont ils pensent qu'elles ont eu un effet négatif. D'autres encore en voient la cause dans l'interpénétration du politique et du religieux. Comme il en va de la plupart des grandes questions de l'Histoire, il n'y a pas d'explication simple acceptable par tous. J'ai essayé de passer en revue celles qui ont été avancées, en particulier celles des musulmans qui ont un regard critique sur leur société.

LE POINT : Les grandes découvertes et les percées scientifiques ont été l'oeuvre de l'Europe et non du monde musulman, qui semblait, pourtant, plus développé à l'époque. Pourquoi ?
BERNARD LEWIS : Pendant très longtemps, les plus grandes découvertes scientifiques ont été faites dans le monde musulman et non pas en Europe. Les étudiants européens fréquentaient des universités musulmanes en Espagne, en Sicile et ailleurs, et ils apprenaient l'arabe pour lire et parfois traduire d'arabe en latin des textes scientifiques et philosophiques. D'une certaine façon, cela pose plus question sur l'histoire européenne que sur l'histoire musulmane.

LE POINT : Depuis le siècle dernier, le monde musulman a tenté de se moderniser sur les plans technique, politique et militaire. Pourquoi lui est-il si difficile de réaliser une vraie modernisation culturelle, qui est la clé de tout le reste ?
BERNARD LEWIS : Beaucoup d'explications ont été, et sont encore, avancées pour élucider le peu de succès de la modernisation dans ces régions et les performances relativement limitées du monde arabe comparées à celles de l'Occident chrétien. La différence la plus frappante entre les deux, relevée par la quasi-totalité des voyageurs, est la différence de statut des femmes. En 1867, Namik Kemal, comparant le monde musulman et l'Occident, écrivait que le premier était comme « un corps humain paralysé d'un côté ». Parce qu'elle affecte la moitié de la population, et l'éducation de l'autre moitié, cette différence est évidemment de la plus haute importance.

LE POINT : Vous écrivez que, contrairement au christianisme, il n'existe pas dans l'islam de séparation entre le sacré et le profane. Les seules expériences laïques du monde musulman, type Atatürk en Turquie, ont été réalisées contre la religion. L'islam peut-il évoluer sur ce point ?
BERNARD LEWIS : La séparation de l'Eglise et de l'Etat a ses racines dans les Evangiles, mais elle n'a été effective qu'après des siècles de guerres de religion où des chrétiens d'obédiences différentes tentaient d'imposer leur foi et leur autorité ecclésiastique à d'autres chrétiens, par la persécution sur leur territoire ou par les armes à l'extérieur. Les musulmans ont eu et ont encore leurs débats internes, notamment entre sunnites et chiites, mais ceux-ci n'ont jamais, même de loin, approché l'âpreté et la férocité des fanatiques conflits religieux du christianisme. La séparation du spirituel et du temporel a donc été considérée par les musulmans comme un remède chrétien à un mal chrétien qui ne les concernait pas. Certains ont suggéré qu'à l'époque moderne, le monde musulman ayant contracté la maladie des chrétiens, il pourrait songer à s'appliquer leur thérapie.

LE POINT : En Europe, à partir de la Renaissance, l'individu s'est peu à peu libéré des cadres religieux et sociaux qui l'enserraient, et la religion a progressivement été reléguée à la sphère personnelle. L'islam est-il capable de suivre le même chemin ?
BERNARD LEWIS : J'y venais. Les deux endroits les plus intéressants où l'on débat de cette question actuellement sont deux pays musulmans. La Turquie est le seul pays musulman qui ait inscrit la séparation de l'Eglise et de l'Etat dans sa Constitution et qui ait essayé d'instaurer un régime démocratique laïque. Au long des cinquante dernières années, il y a eu quelque assouplissement dans l'application des règles établies concernant l'éducation et la pratique religieuses, mais le principe de base demeure. La politique iranienne est à l'exact opposé et vise au maintien d'un Etat, d'une identité et de lois tous définis par l'islam. En Turquie, les résultats des élections passées ont montré qu'environ 20 % de l'électorat préférerait un Etat religieux. Nous ne savons pas quel pourcentage d'Iraniens souhaiterait vivre dans un Etat laïque, puisque la république islamique interdit l'expression de ce choix. Pendant longtemps, la Turquie a été le seul Etat à avoir, en quelque sorte, privé l'islam de son caractère officiel. On peut maintenant lui ajouter les anciennes républiques soviétiques à population musulmane où ce débat fait rage, et aussi l'Indonésie, où les religions monothéistes, mais non l'islam en particulier, sont religions officielles.

LE POINT : La place de la femme dans la société musulmane explique-t-elle l'inaptitude de l'islam à entrer de plain-pied dans la modernité ?
BERNARD LEWIS : Je l'ai déjà dit, et j'insiste. Cette place des femmes est un élément capital dans la lutte pour la modernité. Les hommes élevés dans le respect de la hiérarchie familiale traditionnelle ne sont pas préparés à vivre dans une société moderne et ouverte.

LE POINT : Le monde musulman actuel recherche un bouc émissaire pour expliquer ses échecs. Pourquoi l'Amérique et Israël ?
BERNARD LEWIS : Oussama ben Laden a maintes fois précisé sa vision de ce combat en appelant ses ennemis des « croisés ». Doit-on rappeler que les croisés n'étaient ni américains ni juifs ? Dans les sociétés fermées d'aujourd'hui, où les gouvernements possèdent ou contrôlent les médias locaux et ont appris à manipuler très adroitement la presse étrangère, les vraies doléances ne sont pas exprimées et l'on a besoin de boucs émissaires. Attaquer l'Amérique et Israël est très commode, d'autant qu'on est certain de susciter ainsi une réaction importante en Europe.

LE POINT : Le phénomène Ben Laden est-il le symptôme de cette incapacité à entrer dans la modernité ?
BERNARD LEWIS : Le phénomène Ben Laden est complexe, mais je ne crois pas qu'il verrait dans cet échec sujet à se plaindre. Sa revendication porte sur les succès et non sur les fiascos de la modernité. Et de ces victoires il rend responsables d'abord les puissances chrétiennes de l'Ouest et, ensuite, ces gouvernants du monde musulman que lui - et beaucoup d'autres avec lui - considèrent comme des marionnettes de l'Occident qui salissent la société musulmane en y introduisant la pourriture et la dégénérescence des moeurs occidentales. La guerre sainte (le djihad), on doit s'en souvenir, peut être légitimement menée contre deux sortes d'ennemis : les infidèles et les apostats. Dans le discours actuel des fondamentalistes islamistes, les apostats sont ces chefs qui portent des noms musulmans et prétendent être fidèles à l'islam, mais qui, néanmoins, détruisent la société musulmane en y important les lois, les habitudes, la morale et les idées de l'Occident

Source : http://www.lepoint.fr/dossiers_monde/document.html?did=115986

jeudi 5 octobre 2006

Elaboration des textes islamiques : le cas de la figure abrahamique

A partir de la figure d’Abraham(ancêtre revendiqué par les trois monothéismes), nous allons voir comment l’histoire de cette figure va évoluer dans la religion islamique et plus généralement comment la doctrine islamique est le fruit d’une construction empirique et pragmatique.
Ce processus de construction de l’image de l’Abraham islamique peut être découpé en deux phases.
Dans un premier temps, elle s’établit du temps de mahomet. Celui –ci enrichissant la figure d’Abraham au fur et à mesure de ses polémiques avec les autres monothéistes.(cf. les nombreuses sourates où ces polémiques se devinent en filigrane dans le coran)
Dans un deuxième temps, l’histoire finale d’Abraham telle que la reconnaît l’islam va se fixer définitivement à partir de l’apport des penseurs musulmans postcoraniques.
A ce titre, l’étude de l’élaboration de l’Abraham islamique met précisément en relief à la fois les forces et les faiblesses de cette construction intellectuelle. Si elle nous renseigne sur le travail considérable effectué par les penseurs musulmans postcoraniques dans la construction d’une théologie islamique, elle met en exergue les contradictions qui existent entre le coran de mahomet et la construction des auteurs postcoraniques.


Abraham et le prophétisme coranique.


I L’Abraham du Coran

1-1 Le premier Abraham du Coran
Abraham, en arabe Ibrâhîm, apparaît comme figure prophétique en même temps que Moïse , Mûsa, dans une révélation coranique manifestement ancienne, Coran sourate LXXXVII, al- A’lâ, 19
http://www.ribaat.org/modules.php?name=Coran&whereiam=search&sr=87
; sa figure est déjà devenue autonome par rapport aux récits bibliques, elle n’est cependant pas encore liée au site mekkois.
Cette évolution se fait plus tard et en plusieurs étapes.



1-2 Le deuxième Abraham du coran : le lien d’ Abraham à la mekke
Le premier thème qui lie Abraham à la cité mekkoise semble être celui de la mise à l’abri de sa <>, dhurriyya, qui n’est pas autrement identifiée, à la Mekke, <> coran XIV ,Ibrâhîm, 35,37,
http://www.ribaat.org/modules.php?name=Coran&whereiam=search&sr=14&pg=21

La représentation coranique d’Abraham comme sacralisateur du site mekkois et fondateur de rite paraît plus tard encore dans le Coran, sourate II, al-Baqara, 125-130 ;(On voit encore une fois que le coran de mahomet considère la mecque comme une<> ou balad âmin, dans sourate 2 al –Baquara,126)
http://www.ribaat.org/modules.php?name=Coran&whereiam=search&sr=2&pg=121

Dans quel contexte se construit cette évolution ?
Certains passages réfèrent clairement à une polémique avec les juifs médinois, auxquels répond la thématique du Hanifisme abrahamique. Ibrâhîm est vu comme un hanîf c’est –à-dire un « croyant originel ». Il désigne les monothéistes qui, avant l'Islam, condamnaient les cultes païens, sans toutefois être ni juif, ni chrétiens. ( Ibrâhîm hanîf : Coran, sourate XVI, an – Nahl,118,120
http://www.ribaat.org/modules.php?name=Coran&whereiam=search&sr=16&pg=101
et sourate III, Âl, Imrân, 65,67

http://www.ribaat.org/modules.php?name=Coran&whereiam=search&sr=3&pg=61

La théorie du hanifisme permet à l’islam de Mahomet d’échapper à l’hérédité de déviance qu’il dénonce chez les juifs médinois.(Rappel : Abraham était loin de pratiquer un monothéisme stricte. Les érudits parlent d’hénothéisme abrahamique)
Il peut ainsi se raccrocher directement aux prophètes fondateurs largement évoqués dans le coran, Noé(Nûh), Abraham et Moïse.
Pour ce qui concerne les périodes postérieures de la chronologie thoraïque et biblique, le coran dans diverses sourates de la période mekkoise tardive et de la période médinoise, se limite à citer les seules figures du royaume unifié des Hébreux, Saül, Tâlût, David, Dawûd et Salomon(Sulaymân), sans aller au-delà. Il omet ensuite les grands prophètes historiques de l’Ancien –Testament comme Jérémie ou Isaïe. Seuls quelques prophètes mineurs comme Elisée, al-Yâsu , sont cités sans commentaire, en même temps que la généalogie très simplifiée et nom commentée des douze tribus, al-asbât. Vient ensuite directement la figure de <> , Isâ’b , Maryam.









II De l’Abraham de mahomet à l’Abraham des penseurs musulmans postcoraniques

Nous avons vu comment le coran de Mahomet présente la Mecque comme un lieu de refuge pour la famille d’Abraham.
Or, cette représentation coranique entre en contradiction totale avec le récit de la tradition musulmane qui se dit à partir de l’épisode de Hâdjar(Agar), laissée seule au désert, après sa fuite loin de la maison d’Abraham.(1)
Cet épisode présente le site mekkois non comme un lieu de refuge, mais comme un lieu de péril, avant que n’y accomplisse le miracle de l’eau jaillissante. ( thème traditionnelle de l’eau providentiel dans un milieu désertique)

Dans ces récits postcoraniques, la mère d’Ismâ’il, abandonné de tous, est représentée comme courant et suppliant entre deux monticules sacrés du val mekkois, situés à l’est de la Ka’aba(al Safâ au sud est et al-Marwa au nord est qui sont toujours objet de culte on reviendra plus tard sur ces deux points).
L’ eau de Zamzam jaillit, sur intervention de l’ange Gabriel, alors que Hâdjar est sur le point de mourir de soif avec son jeune fils. Une des références médiévales classiques à ce récit postcoranique est à retrouver dans as - Sîra an-nabawiyya, compilée par Ibn Ishâm.( cf . I,16 le passage intitulé Ishâra ilâ dhikr ifhtifâr zamzam ou récit concernant le creusement de Zamzam). (1)
De même, les prophètes Jérémie et Isaïe seront réintroduits par la tradition musulmane postcoranique

III- Analyse et conclusion
Nous l’avons vu la figure d ‘Abraham en islam a subi plusieurs transformations. L’Abraham de mahomet est différent voire contradictoire avec l’abraham des récits des auteurs postcoraniques.
Essayons de rationaliser les causes de ces contradictions.(ce n’est qu’une tentative d’explication)
Le coran de mahomet est le fruit d’un travail empirique. Il ne répond pas à une idéologie près- définis fixant une fois pour toute la religion islamique. Au contraire, le coran de mahomet s’élabore petit à petit, laissant entrevoir en filigrane les tribulations de mahomet.
En effet, la profession de prophète à cette époque est très répandue.(nous verrons par la suite comment mahomet va s’occuper pour faire taire la concurrence et récupérer les parts de marché des croyants à son profit). Or, l’espace de la prédication de mahomet est un immense patchwork de croyance allant du polythéisme stricte, à l’hénothéisme au monothéisme plus ou moins stricte(biblique ou <> Je reviendrais sur ce foisonnement religieux dans un autres post. ce qui est sur c’est que cet espace n’ignore pas du tout le judaisme ou le christianisme et que mahomet connaît ses religions )
Pour être crédible aux yeux de ses populations, l’apprenti prophète se doit de montrer qu’il est véritablement celui qu’il prétend être c’est-à –dire un prophète mais pour mahomet cela ne se fait pas sans mal(Les imprécations de mahomet à l’adresse de son auditeur démontre bien les difficultés à convertir les populations à son idéologie et les accusations pleuvent sur sa personne)
Il est donc salvateur pour lui de s’inscrire dans une lignée prophétique pour accroître sa légitimité en tant que prophète et la charge sacrale de son discours en tant qu’envoyé d’un dieu. Il va donc mobiliser à son profit les connaissances qu’il a des différentes religions bibliques (mais pas seulement car l’on retrouve aussi des bribes d’histoire hedjazique dans le coran) pour convaincre son auditoire(La politique de séduction des autres croyants bibliques peut aller jusque dans l’adoption des rites(notamment pour séduire les tribus juives médinoises. Cf. l’adoption du shabbat au début de l’époque médinoise, les interdits alimentaires, la direction du lieu de culte etc)
Il acquiert ses connaissances soit directement(Au cours de ses voyages notamment en syrie ;, les dernières recherches en ce domaine laissent entendre qu’il a pratiqué une politique active de recherche de manuscrits cf. aussi le hadith sur la fameuse réception d’écrits syriaque ou les accusations de plagiats ou de mensonges que prononcent les koraichites à son encontre que l’on retrouve dans le coran par exemple dans la sourate 16 les abeilles verset 105
http://www.ribaat.org/modules.php?name=Coran&whereiam=search&sr=16&pg=101 ou sourate 6 les troupeaux verset 25 http://www.ribaat.org/modules.php?name=Coran&whereiam=search&sr=6&pg=21 )
soit indirectement (par zyad notamment élevé dans une école rabbinique ou son cousin voire khadidja et son entourage sensibilisés à une forme de christianisme mais aussi par les polémiques qu’il aura avec ses différents interlocuteurs)

Mais on le voit ses références à l’histoire biblique sont assez limitées. Cette pauvreté doctrinale posait plus ou moins de problèmes pour convertir des populations sensibles aux différents courants religieux mais peu au fait des subtilités doctrinales des différents monothéismes. En revanche, la conquête de pays contenant de fortes populations connaissant mieux la tradition biblique multiplie les polémiques et les mises en exergue des faiblesses doctrinales du coran. Il devient donc vital pour les penseurs islamiques postcoraniques d’enrichir le corpus doctrinal islamique de nombreuses références bibliques afin de faire face à l’argumentaire fixée depuis des siècles des contradicteurs juives et chrétiens.

Il s’ensuit une course à la référence biblique( On peut dire que quasiment l’ensemble de ce qu’on pourrait appeler la première partie de l’œuvre de ibn ichâm sur mahomet est composé de récits bibliques ou paiens reformulés dans une perspective apologétique de l’islam) pour démontrer le bien fondé de l’idéologie de mahomet qui débouche parfois sur des contradictions(cf notre démonstration sur la figure d’abraham) voire sur des aberrations chronologiques(cf ibn ichâm I,222-232 où l’on voit mahomet être un contemporain de jésus )
(1) Rappel ;.L’Agar biblique, femme- esclave egyptienne d’abraham, mère d’Ismaël avait été chassée de la maison de son maître Abraham pour permettre à l’alliance mythique d’une tribu et de son protecteur divin de se fonder dans le respect de la pureté de lignage cf Genèse 16,21)

dimanche 7 mai 2006

Du droit de battre sa femme : Bouziane vs Boubaker


Il arrive que la machine de "l'islamiquement correct "s'enraye face à l'expression de foi de croyants zélés. A ce titre, l'affaire Bouziane est un cas d'école.






I Le droit de battre sa femme dans le coran : deux interprétations contradictoires
Lors d'un interview donné à Lyon Mag, l'imam avait affirmé " battre sa femme, c’est autorisé par le Coran"[1]

Les paroles de ce fidèle adepte de l'islam ne pouvaient que déclencher les foudres des tenants de "l'islamiquement correct". L'image d'un islam respectant l'égalité homme-femme était gravement écornée par les propos d'un imam désigné comme "salafiste". Il convenait donc à l'un des plus grand prêtre de" l'islamiquement correct"de prêcher la juste orthodoxie de "l'Islam républicain".
Ainsi, Dalil Boubaker, président du Conseil français du culte musulman affirma "l’islam n’est pas une religion qui bat ses femmes [...]"(libération 20 avril 2004)





II Retour aux textes

Or, le coran stipule Sourate 4 verset 34 :"

Les hommes ont autorité sur les femmes, en raison des faveurs qu'Allah accorde à ceux-là sur celles-ci, et aussi à cause des dépenses qu'ils font de leurs bien. Les femmes vertueuses sont obéissantes (à leurs maris), et protègent ce qui doit être protégé, pendant l'absence de leurs époux, avec la protection d'Allah. Et quant à celles dont vous craignez la désobéissance, exhortez-les, éloignez-vous d'elles dans leurs lits et frappez-les. Si elles arrivent à vous obéir, alors ne cherchez plus de voie contre elles, car Allah est certes, Haut et Grand ! "[2]

De plus, la licité d'un tel comportement envers sa femme est sanctionné par l'exemple du prophète sur son épouse aicha dans le hadith sahih muslim volume 4 numéro 2127 [....]" He struck me on the chest which caused me pain[...] [3]


III Application du droit de battre sa femme : l'exemple de rania el baz (représentée en photo sur son lit d'hopital pour illustrer le sujet)

Cette mère de deux enfants, présentatrice de télévision, avait été battue par son mari le 4 avril 2004, à leur domicile de Djedda, apparemment parce qu’elle avait répondu au téléphone. Elle présentait 13 fractures au visage. Son mari l’aurait ensuite mise dans sa camionnette puis abandonnée sans connaissance dans un hôpital de Djedda, en affirmant qu’elle avait eu un accident de la circulation.






Pour compléter :
Etre informé de la condition des femmes sous l'islam
: http://www.wluml.org/french/
Cas de femme battue médiatisée pour le mois d'avril :
http://www.lapresse.com/article/20060501/CPACTUALITES/605010303/0
http://www.rfi.fr/actufr/articles/064/article_35724.asp

voir aussi le rapport d'amnesty international de l'an 2000 : http://web.amnesty.org/library/index/framde230572000





[1] :http://fr.wikipedia.org/wiki/Abdelkader_Bouziane#Interview__d.27Abdelkader_Bouziane
[2] :http://www.yabiladi.com/coran/sourat-4-30-.html
[3] : http://www.usc.edu/dept/MSA/fundamentals/hadithsunnah/muslim/004.smt.html#004.2127

vendredi 17 mars 2006

Document : Compte rendu officiel de la rencontre entre le Mufti de Jérusalem et Hitler du 28 novembre 1941


Dans l'entre-deux-guerres puis pendant la seconde guerre mondiale, des liens idéologiques, politiques et militaires vont se créer entre les mouvements fascistes et les islamistes. L'un des épisodes les plus célèbres de cette alliance "secrète" est l'entrevue entre le Mufti de Jérusalem, Ajj Amin al-Husseini et Adolf Hitler et se déroule à la fin 1941.

Depuis quelques semaines, Hitler a constaté que la campagne de Russie ne se déroulait pas comme prévue, que la guerre serait longue et totale, et il en attribue la faute aux juifs. Il a signifié plus qu'ordonné à ses subordonnés l'extermination des juifs d'Europe.
De son côté, le parti du Mufti est en fuite. Malgré, l'aide des avions allemands, Amin Al-Husseini et ses compagnons(dont le célèbre Rachid Ali) ont échoué à renverser définitivement le gouvernement pro-britannique en Irak. Après s'être réfugié en Iran, Al -Husseini et sa suite passent en Turquie avant de gagner l'Europe. Ses aventures irakiennes lui permettent de se poser maintenant comme le chef d'un mouvement national s'étendant sur l'ensemble du monde arabe, du Golfe à l'Océan.
C'est dans ce contexte que le 28 novembre 1941, Hitler reçoit le Mufti Al-Husseini.







Compte rendu officiel de la rencontre est dû à l'interprète allemand Schmitt(le mufti s'exprimant en français) :


«
Le Grand Mufti commença par remercier le Führer pour le grand honneur qu’il lui avait fait en le recevant. Il souhaitait saisir l’occasion pour apporter au Führer de la Grande Allemagne, admiré par l’ensemble du monde arabe, ses remerciements pour la sympathie qu’il avait toujours montrée pour les Arabes et spécialement pour la cause palestinienne, et don il avait donné une claire expression dans ses discours publics. Les pays arabes étaient fermement convaincus que l’Allemagne gagnerait la guerre et que la causer arabe alors en profiterait. Les arabes étaient les amis naturels de l’Allemagne parce qu’ils avaient les mêmes ennemis que l’Allemagne, nommément les Anglais, les Juifs et les communistes. C’est pourquoi ils étaient préparés à coopérer avec l’Allemagne, de tous leurs coeurs, et se tenaient prêt à participer à la guerre non seulement négativement par l’organisation d’actes de sabotages et la préparation de révolutions, mais aussi positivement par la formation d’une légion arabe. Les Arabes pouvaient être utiles à l’Allemagne comme alliés qu’on pourrait le penser au premier regard, à la fois pour des raisons géographiques et pour les souffrances que leur ont infligées les Anglais et les Juifs. De plus, ils ont de bonnes relations avec toutes les nations musulmanes, ce qui pourrait être utilisé au profit de la cause commune. La légion arabe serait facile à lever. Un appel du Mufti aux pays arabes et aux prisonniers de nationalités arabes , algériennes, tunisiennes et marocaines, en Allemagne, produirait un grand nombre de volontaires prêts à combattre. Les Arabes étaient convaincus de la victoire de l’Allemagne, non seulement parce [que]le Reich possédait une importante armée , des soldats courageux et des chefs militaires de génie, mais aussi parce que le Tout-Puissant ne pouvait jamais accorder la victoire à une cause injuste.
« Dans ce combat, les Arabes recherchaient l’indépendance et l’unité de la Palestine de la Syrie et de l’Irak. Ils avaient la plus totale confiance dans le Führer et voyaient dans sa main le baume des blessures qui leur avaient été infligées par les ennemis de l’Allemagne.
« Le Mufti mentionna alors la lettre qu’il avait reçu d’Allemagne, qui déclarait que l’Allemagne ne revendiquait aucun territoire arabe, comprenait et reconnaissait les aspirations à l’indépendance et à la liberté des Arabes comme elle soutenait l’élimination du Foyer national juif.
« Une déclaration publique dans ce sens serait très utile pour ses effets de propagande sur les peuples arabes en ce moment. Cela tirerait les Arabes de leurs léthargies momentanée et leur donnerait un nouveau courage. Cela faciliterait le travail du Mufti d’organiser secrètement les Arabes jusqu’au moment où ils pourraient frapper patiemment avec une discipline stricte le moment juste et frapperaient seulement sur une ordre venu de Berlin.
« En ce qui concerne les événements d’Irak, le Mufti observait que les Arabes dans ce pays n’avaient pas, en aucune façon, été incités par l’Allemagne d’attaquer l’Angleterre, mais qu’ils avaient juste agi en réaction à un assaut direct anglais sur leurs honneurs.
« Les Turcs croyait-il, accueilleraient l’établissement d’un gouvernement arabe dans leur voisinage parce qu’ils préféraient un gouvernement arabe plus faible que celui des puissances européennes et qu’étant eux-mêmes une nation de 7 millions, ils auraient de fait rien à craindre des 1,7 millions d’Arabes habitant la Syrie, la Transjordanie, l’Irak et la Palestine.
« La France cependant n’aurait pas d’objections à l’unification puisqu’elle a concédé l’indépendance à la Syrie dès 1936, et avait donné son approbation à l’unification de l’Irak et de la Syrie sous le roi Fayçal dès 1933.
« Dans ces circonstances, il renouvelait sa demande que le Führer fasse une déclaration publique afin que les Arabes ne perdent pas l’espoir, qui est une force si puissante dans la vie des nations. Avec un tel espoir dans les coeurs, les Arabes, disait-il, auraient la volonté d’attendre. Ils ne poussaient pas à une immédiate réalisation de leurs aspirations ; ils pouvaient facilement attendre une demi-année ou une année entière. Mais s’ils n’étaient pas inspirés d’un tel espoir par une déclaration de ce genre, on pourrait s’attendre à ce que les Anglais soient les gagnants de cette situation.
« Le Führer répliqua que l’attitude fondamentale de l’Allemagne dans cette question, comme le Mufti l’avait déjà déclaré, était claire. La position de l’Allemagne était une guerre sans compromis contre les Juifs. Cela incluait naturellement une opposition active au foyer national juif en Palestine. , qui n’était rien d’autre qu’un centre, sous la forme d’un Etat, servant à l’influence destructrice des intérêts juifs. L’Allemagne savait aussi que l’affirmation que les Juifs accomplissaient une fonction de pionniers économiques en Palestine était un mensonge. Le travail avait été seulement le fait des Arabes et non des Juifs. L’Allemagne était résolue, pas à pas, de demander à une nation européenne après l’autre, de résoudre son problème juif, et au moment approprié il y aurait aussi un appel similaire aux nations non européennes.
« L’Allemagne était à présent engagée dans un combat de vice et de mort avec les deux citadelles du pouvoir juif : la Grande-Bretagne et la Russie soviétique. Théoriquement il y avait une différence entre le capitalisme de l’Angleterre et le communisme de la Russie soviétique ; en fait, cependant, les juifs dans les deux pays partageaient un but commun.
C’était un combat décisif ; sur le plan politique, cela se présentait principalement comme un conflit entre l’Allemagne et l’Angleterre, mais idéologiquement c’était une bataille entre le national-socialisme et les Juifs. Cela allait sans dire que l’Allemagne apporterait une aide positive et pratique aux Arabes engagés dans ce même combat, mais parce que les promesses platoniques étaient sans effet dans une guerre pour la survie ou la destruction, dans laquelle les Juifs étaient capables de mobiliser tout le pouvoir de l’Angleterre pour leurs fins[sic]
« L’aide aux Arabes devrait être une aide matérielle. Combien les sympathies seules étaient d’une faible aide dans un telle bataille avait été démontré clairement par les opérations en Irak, où les circonstances n’avaient pas permis d’apporter une aide réellement effective, pratique. En dépit de ses sympathies, l’aide allemande n’avait pas été suffisante et l’Irak avait succombé face au pouvoir de la Grande-Bretagne qui est le protecteur des Juifs.
« Cependant, le Mufti savait bien que le résultat du combat en cours déciderait aussi du destin du monde arabe. C’est pourquoi le Führer devait penser et parler froidement, délibérément, comme un homme rationnel et avant tout comme un soldat, comme le chef des armées allemandes et alliées. Tout ce qui était de nature à aider dans ce combat titanesque pour la cause commune, qui est celle des Arabes, devrait être fait. Cependant, un élément qui pourrait contribuer à affaiblir la situation militaire devrait être écarté, sans qu’on tienne compte de l’impopularité que cet acte pourrait causer.
« L’Allemagne était maintenant engagée dans de très dures batailles pour forcer l’accès à la région du nord du Caucase. Les difficultés étaient principalement dues au maintien de l’approvisionnement, qui était du plus difficile en raison de la destruction des chemins de fer et des routes, aussi bien que de la prochaine arrivée de l’hiver. Si, dans un tel moment, le Führer devait porter la question de la Syrie dans une déclaration, les éléments en France qui étaient sous l’influence de De Gaulle recevraient une nouvelle force. Ils interpréteraient la déclaration du Führer comme une intention de démembrer l’empire colonial de la France, et appelleraient leurs concitoyens à faire cause commune avec les Anglais pour essayer de sauver ce qui pouvait être encore sauvé. Une déclaration allemande concernant la Syrie serait compris en France comme concernant l’ensemble des colonies françaises et créerait en ce moment de nouveaux troubles en Europe occidentale, ce qui signifierait qu’une partie des forces armées allemandes serait immobilisée à l’Ouest et ne serait plus disponible pour la campagne à l’Est.
« Le Führer fait alors la déclaration suivante au Mufti lui enjoignant de la tenir au secret dans le plus profond de son coeur :

«1)Il (le Führer) poursuivrait la bataille jusqu’à la totale destruction de l’empire judéo-communiste en Europe.
«2)A un moment qu’il n’est pas encore possible de fixer exactement aujourd’hui mais qui, n’importe comment, n’était pas trop loin, les armés allemandes devraient atteindre la porte sud du Caucase.
«3)Aussitôt que cela se produira, le Führer donnerait de son propre mouvement au monde arabe l’assurance que l’heure de sa libération est arrivée. L’objectif de l’Allemagne serait seulement la destruction de l’élément juif résidant dans l’espace arabe sous la protection de la puissance britannique. A cette heure, le Mufti serait le porte-parole le plus autorisé du monde arabe. Ce serait sa tâche de lancer les opérations qu’il avait secrètement préparées. Quand ce moment viendra, l’Allemagne pourrait être indifférente à la réaction française à une telle déclaration.
« Une fois que l’Allemagne aura forcé l’ouverture de la route pour l’Iran et l’Irak par Rostov, ce serait le commencement de la fin l’empire britannique. Lui(le Führer) espérait que l’année prochaine, il devrait être possible pour l’Allemagne d’ouvrir la porte caucasienne du Moyen-Orient. Pour le bien de la cause commune, il serait préférable que la proclamation arabe soit mise de côté pour quelques mois de plus , sinon l’Allemagne se créerait des difficultés sans que cela puisse apporter quoique ce soit d’utile pour les Arabes.
«Il (le Führer) comprenait complètement l’impatience des Arabes d’avoir une déclaration publique du genre demandé par la Mufti, mais il demandait à celui-ci de considérer que lui-même(le Führer) avait été le chef de l’Etat du Reich allemand durant cinq longues années au cours desquelles il avait été incapables de faire, dans sa propre patrie, l’annonce de sa libération. Il avait dû attendre jusqu’au moment où l’annonce puisse être faite sur la base de la situation crées par la force des armes permettant d’accomplir l’Anchluss.
Au moment où les divisions blindées et les escadrons aériens apparaîtront au sud du Caucase, l’appel public, demandé par le Grand Mufti sera fait au monde arabe.
« Le Grand Mufti répliqua qu’à son opinion tout se passera juste comme le Führer l’a indiqué. Il était pleinement réassuré et satisfait des paroles qu’il venait d’entendre de la part du Chef, secrètement au moins, d’arriver à un accord avec l’Allemagne de la nature qu’il avait juste souligné au Führer.
« Le Führer répondit qu’il avait justement donné à l’instant au Grand Mufti précisément cette déclaration confidentielle.
« Le Grand Mufti l’en remercia et déclara en conclusion qu’il prenait congé du Führer avec une pleine confiance et des remerciements réitérés de l’intérêt montré pour la cause arabe
. »



Documents on German Foreign Policy, série D, vol.XIII, p.560, Londres, Her Majesty's Stationery Office, 1964, p.881-885.
cité in Henry Laurens L'orient arabe, Arabisme et islamisme de 1789 à 1945, Paris, Armand Colin/S.E.J.R, 2004, p. 308 et sqq

Prise d'otage et islam : licite ou illicite ?



Prise d'otage : action de retenir prisonnier quelqu'un.

Rapt : enlèvement illégal d'une personne.

Kidnapping : enlèvement d'une personne, en particulier, pour obtenir une rançon.







I°)Construction du mythe :

Il s'élabore lors d'un événement conjoncturel à partir de la répétition de phrases destinées :
- à rassurer les autorités publiques et la population non musulmane et/ou "pseudo-musulmane"[1]. Les vecteurs du mythe utilisent un discours lénifiant en complète adéquation avec les attentes sociales. Il faut répondre aux angoisses que suscite immanquablement ce type d'événement dans la population .
-à limiter les distorsions entre les mythes construits antérieurement(l'islam pacifique, tolérant etc) et la réalité. Un écart important entre les deux conduirait à une diminution de la légitimation des différentes revendications de la "communauté islamique" auprès des pouvoirs publics.

Pour réaliser ces deux objectifs, la rhétorique islamique s'articule autour deux leitmotivs :

.l'un négatif avec la délégitimation des actes par l'intermédiaire des individus :ce ne sont pas des musulmans / ils sont égarés puis par la religion :"ce n'est pas ça l'islam"
.l'autre positif avec un martèlement des items familiers à l'opinion sur ce sujet : l'islam c'est la paix, c'est la tolérance, c'est la miséricorde.



II°) Etude de cas :

1) Déclaration sur la prise d'otage de Chesnot et Malbrunot
Dans l’article de Libération du 29 août 2004, (
http://www.liberation.fr/page.php?Article=234765 ) nous lisons :

[...]. Dalil Boubakeur, président du CFCM et par ailleurs recteur de la Mosquée de Paris, a affirmé que la communauté musulmane toute entière devait "se démarquer" des "agissements condamnables par l'islam" du groupe qui a revendiqué l'enlèvement des deux journalistes.[...]



2)
Déclaration sur la prise d'otage de Florence Aubenas et Hussein Hanoun al-Saadi
Dans l’article de Libération du samedi 23 avril 2005, (
http://www.liberation.fr/page.php?Article=291811 ) nous lisons :

[...] A Paris jeudi dernier à la Grande Mosquée, l'Union des associations islamiques des étudiants iraniens en Europe a réuni cent cinquante personnes en présence de l'ambassadeur d'Iran en France, pour témoigner de sa solidarité : «Au nom des étudiants iraniens en France et du peuple iranien, nous témoignons de toute notre sympathie à Florence Aubenas et Hussein Hanoun et nous souhaitons leur libération. Nous estimons que l'islam est la religion de la clémence, de la tolérance et de la non-violence. L'Islam condamne absolument la prise d'otage et la torture.[...]


Le lecteur peut logiquement en conclure que la prise d'otage est illicite en islam.


III) Démythification par les textes islamiques


Or, si nous nous penchons sur la vie du prophète-l'une des sources de la théologie islamique- nous trouvons des exemples de prise d'otage pour des motifs politico-financiers.
Exemple parmi d'autres(voir aussi par exemple rapt des femmes et enfants de la tribu des Moshjarik )

"Le prophète envoya ensuite Khâlid ibn al-Walid contre Ukaydir, roi de Dûma, qui était chrétien. « Tu le trouveras, dit-il à Khâlid, en train de chasser des antilopes ».Effectivement, Ukaydir, par une nuit chaude de pleine lune, était en compagnie de sa femme sur une des terrasses de son château. Or voici que des antilopes se mirent à gratter avec leurs cornes le portail du château : - A-t-on jamais vu pareille chose ! s’exclama sa femme.- Non, jamais.- On ne peut pas les laisser partir ainsi.- Tu as raison.- Ukaydir descendit, fit sceller son cheval et partit à la chasse aux antilopes, avec quelques membres de sa famille, parmi lesquels se trouvait son frère appelé Hassân. Les cavaliers de Khâlid les y cueillirent. Ils mirent la main sur Ukaydir et tuèrent son frère. Ukaydir portait un manteau de velours brodé d’or. Khâlid le lui enleva et l’envoya au Prophète. Emerveillés, les musulmans se mirent à le tâter avec admiration. « Vous trouvez ce manteau si beau ? s’exclama le prophète. Et bien, je le jure, le turban de Sa’d ibn Mu’âdh(un des martyrs de la bataille d’Uhud) au paradis est bien plus que ça ». Khâlid amena Ukaydir auprès du prophète. Celui-ci lui accorda la vie sauve contre le paiement d’un tribut et le laissa revenir chez lui. "


Sources : (Sira II , 526 –527 )Ibn Ichâm La biographie du prophète Mahomet texte traduit et annoté par Wahib Atallah p.371 (version abrégée)
voir aussi Tabari La chronique Histoire des prophètes et des rois vol.II Mohammed sceau des prophètes actes sud Sindbad p.309-310


Conclusion : La prise d'otage est licite en islam.

[1] Le terme pseudo-musulman(e) n'est pas un jugement de valeur. Il est utilisé pour définir les individus se revendiquant musulman mais dont l'adhésion à l'islam repose sur une méconnaissance totale des textes ou une relativisation des prescriptions islamiques.
Cette situation conduit généralement à la construction d'un islam individualiste marquée par une spiritualité humaniste en totale contradiction avec le corpus islamique.