jeudi 8 février 2007

De la place des sciences dans l'Islam(1)




« Ce que la tradition appela « sciences étrangères » est l’apport philosophico-scientifique venu de l’Iran, de la Grèce, de l’Inde. La médecine, les sciences naturelles, la chimie, l’astronomie, les mathématiques arabes y trouvent leur background. Les VIII et IX siècles, qui furent l’époque des grandes entreprises de traduction, mirent à la disposition des chercheurs arabophones les textes fondamentaux. La littérature grecque, poésie ou théâtre, fut pratiquement ignorée, les traités de science et de philosophie abondamment exploités.
[...]Tantôt protégé par les Souverains, tantôt combattu par les réactions piétistes, le goût des « sciences étrangères » se maintint durant toutes les apogées culturelles de l’Islam. Si l’humanisme littéraire fut comme un épanouissement des qualités arabes sous l’activation de la sensibilité artistiques iranienne, il faut ajouter que s’y mêla très vite un humanisme philosophico-scientifique informé avant tout par la Grèce classique. Le premier ne s’opposait pas aux valeurs religieuses que par la licence de ses moeurs ; le second s’y affronta sans cesse par le jeu même de ses recherches. Il sera à Baghdâd l’adversaire de choix du premier « ilm al-kalam » [traduction approximative du terme théologie ]constitué
.

Louis Gardet L’islam religion et communauté, Desclée de Brouwer, 1978 pp. 156-157