mardi 18 mars 2008

altérité culturelle : la condition de la femme(1)



L'un des lieux communs les plus souvent véhiculés sur l'écart de condition des femmes en Islam et en Occident consiste à affirmer que le sexe féminin en Occident jouit d'une considération relativement réçente(limitée parfois à la révolution féministe de la fin du XX siècle !). Or, de nombreux témoignages de voyageurs musulmans démontrent plutôt le contraire et tendent à affirmer que la place de la femme est l'un des marqueurs fontamentaux de l'altérité culturelle entre ces deux sociétés.







[...]Deux points ne pouvaient manquer de frapper les observateurs musulmans du Moyen Age comme des siècles suivants. C'étaient d'une part la liberté à leurs yeux déréglée des femmes et d'autre part l'extraordinaire absence de jalousie des hommes.


Usâma, voisin syrien des croisés, raconte à ce sujet plusieurs histoires :




[1]" Les Francs n'ont pas l'ombre du sentiment de la jalousie ou de l'honneur. Si l'un d'eux se promène dans la rue avec sa femme et rencontre un autre homme qui la prend à part pour lui parler en privé, le mari s'écarte et attend que la conversation soit terminée ; si elle dure trop longtemps, il laisse sa femme avec son compagnon et s'en va "






La déférence témoignée aux femmes est un trait de la société chrétienne qui ne manque jamais de de surprendre le visiteur musulman. Voici ce qu'en dit Evlya :






[2]"J'ai vu dans ce pays une chose très extraordinaire. Si l'empereur rencontre une femme dans la rue et se trouve à cheval, il arrête sa monture et laisse passer la dame. S'il est à pied, il s'immobilise, dans une attitude polie. La dame le saluant alors, il enlève son chapeau et la traite avec déférence. Il attend qu'elle soit passée pour poursuivre son chemin. C'est un spectacle très extraordinaire. Dans ce pays, comme partout en terre infidèle, les femmes ont les premières la parole et son honorées et respectées pour l'amour de Marie Mère."


Il n'est guère étonnant qu'Evliya fût traité de menteur par ses compatriotes lorsqu'il racontait des histoires aussi singulières.>>





Notes :

[1]Usâma, Kitâb al-I' tibâr traduction française, André Miquel, Des enseignements de la vie. Souvenirs d'un gentilhomme syrien du temps des Croisades, Paris, Imprimerie Nationale,1983 pp164-165
[2]Evliya Celebi, Seyhatname, Istambul, 1928, Vol. VII, pp. 318-319; trad. allemande de R. F. Kreutel, Im Reiche des goldenen Apfels, Graz, 1957, pp.194-195

Cité in Bernard Lewis, Comment l'islam a découvert l'Europe, Gallimard, 1990 pp.272-273

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