dimanche 16 mars 2008

Fatwa à gogo


[...]Dans la patrie du fondamentalisme wahhabite, les illuminés d’hier sont les modérés d’aujourd’hui. Crise de conscience ou repli tactique, des extrémistes mettent, si l’on peut dire, de l’eau dans leur vin et se désolidarisent des groupes qui prônent la violence. C’est le cas de deux écrivains saoudiens Abdallah Ben Bedjad et Youssef Abakhil, victimes d’un de ces retours de boomerang, comme l’Histoire en concocte souvent. Les deux compères ont, en effet, publié dans le quotidien Al-Riadh au mois de janvier dernier deux articles affirmant que les juifs et les chrétiens ne doivent pas être considérés comme des apostats ou des ennemis de Dieu. Comme la machinerie met du temps à se mettre en branle, ce n’est que la semaine dernière que la réponse de l’oligarchie religieuse est tombée. Par l’entremise du cheikh Abderrahmane Al-Barak, une fetwa décrète que les deux écrivains sont des apostats et qu’ils méritent la mort en tant que tels. La fetwa somme les deux hommes de se repentir et de renier leurs écrits sinon «ils seront déclarés apostats et condamnés à mort. Ils n’auront pas droit à la toilette mortuaire ni au linceul ni à la prière rituelle et leurs proches ne recevront pas de condoléances». En attendant l’exécution de la sentence, Youssef Abakhil doit être séparé de son épouse, désormais mariée à un apostat et donc vivant dans le péché. Ce qui rappelle la même fetwa, éditée par un tribunal contre le penseur égyptien Nasser Hamed Abou Zeïd, contraint à l’exil. Ce dernier a résumé la complexité de la situation en affirmant qu’il allait intenter une action en justice. «Seulement, a-t-il dit, je ne sais pas auprès de qui me plaindre ni contre qui.» Quant à Ben Bedjad qui rappelle ses liens passés avec des partisans de Ben Laden, il persiste et signe et accuse l’auteur de la fetwa d’encourager le terrorisme.'"


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