D'après l'agence de voyage irantravel, "L'écriture coufique est un signe divin parmi les signes divins et un miracle parmi les miracles, et les corans écrits par -Sa Sainteté- le roi des croyants, I'imam Ali, étaient des modèles de belle écriture, de sobriété de composition parfaite et d'équilibre magistral entre les mots"
L'écriture arabe serait donc un miracle issue du Coran. Qu'en est-il réellement ?
Alfred Louis de Prémare établit un état des lieux des recherches scientifiques sur ce sujet.
Le dernier-né des modes d’écritures utilisés par les Arabes pour leur langue est celui que nous connaissons aujourd’hui, la graphie arabe proprement dite. Celle-ci s’était déjà diffusée avant le 7 siècle. Dans le domaine épigraphique, la plus ancienne attestation que nous en avons est peut-être du début ou du milieu du 4 siècle de notre ère, dans le Sud de la Jordanie actuelle. C’est ensuite tout au long du 6 siècle qu’elle apparaît plusieurs fois dans des inscriptions, au Nord de la Jordanie et Syrie actuelles. Elle se manifeste enfin de façon plus usuelle à partir du 7 siècle, avant, durant et après l’expansion arabe des conquêtes.[...][1]
I inscriptions découvertes par l'archéologie.
Les inscriptions arabes du 6 siècle mériteraient le qualificatif de « syro-arabes », à la place de celui de « coufiques » par lequel elles ont été parfois qualifiées bien que la ville de Kûfa n’existât pas encore. Elles nous renseignent, en effet, sur l’aire géographique où l’écriture arabe était pratiquée et sur ses utilisateurs : des Arabes de Jordanie et de la Syrie ghassanides, principalement chrétiens[2]. De plus, nous y constatons, au fil du temps, une influence de plus en plus accusée de la graphie syriaque. Le modèle syriaque de l’écriture arabe est bien illustré par les inscriptions christo-palestiniennes en mosaïque du 6 siècle. Ces dernières annoncent quant à leur forme graphique ce que seront un siècle plus tard, mais en arabe, les inscriptions islamiques du Dôme du Rocher à Jérusalem.[..][3]
II L'origine de la langue arabe selon la tradition littéraires
Des traditions littéraires persistantes situent l’origine de l’écriture arabe à Anbâr, sur la rive gauche du moyen Euphrate, d’où elle serait passée à Hîra, sur la rive droite[4]. C’est à partir de Hîra qu’elle serait diffusée, profitant des multiples liens de la capitale lakhmide avec les autres régions du domaine arabe. Nous en avons l’écho, en effet jusqu’au Hedjâz, dans les générations qui précédèrent immédiatement ou qui furent contemporaines des débuts de l’islam, et principalement par les circuits commerciaux. De fait, l’écriture arabe telles qu’elle s’est finalement épanouie doit sa configuration au syriaque. Anbâr étant un des lieux d’implantation du christianisme d’expression sémitique en langue syriaque.[5]
Les inscriptions arabes du 6 siècle mériteraient le qualificatif de « syro-arabes », à la place de celui de « coufiques » par lequel elles ont été parfois qualifiées bien que la ville de Kûfa n’existât pas encore. Elles nous renseignent, en effet, sur l’aire géographique où l’écriture arabe était pratiquée et sur ses utilisateurs : des Arabes de Jordanie et de la Syrie ghassanides, principalement chrétiens[2]. De plus, nous y constatons, au fil du temps, une influence de plus en plus accusée de la graphie syriaque. Le modèle syriaque de l’écriture arabe est bien illustré par les inscriptions christo-palestiniennes en mosaïque du 6 siècle. Ces dernières annoncent quant à leur forme graphique ce que seront un siècle plus tard, mais en arabe, les inscriptions islamiques du Dôme du Rocher à Jérusalem.[..][3]
II L'origine de la langue arabe selon la tradition littéraires
Des traditions littéraires persistantes situent l’origine de l’écriture arabe à Anbâr, sur la rive gauche du moyen Euphrate, d’où elle serait passée à Hîra, sur la rive droite[4]. C’est à partir de Hîra qu’elle serait diffusée, profitant des multiples liens de la capitale lakhmide avec les autres régions du domaine arabe. Nous en avons l’écho, en effet jusqu’au Hedjâz, dans les générations qui précédèrent immédiatement ou qui furent contemporaines des débuts de l’islam, et principalement par les circuits commerciaux. De fait, l’écriture arabe telles qu’elle s’est finalement épanouie doit sa configuration au syriaque. Anbâr étant un des lieux d’implantation du christianisme d’expression sémitique en langue syriaque.[5]
Notes :
[1]Alfred-Louis de Prémare, Les fondations de l'islam, Seuil, 2002 p.232
[2]Inscription du temple nabatéen de Ramm(à 50 km à l'est du port d'Aqaba en Jordanie), inscription religieuse datée du 6 siècle demandant pardon pour le scribe fils de Ubayda du site d'Umm al-Jimâl(en Jordanie à 90 km au sud de Damas), inscription datée du 24 septembre 512 des pèlerins arabes de saint Serge à Zabad( 40 km au sud-est d'Alep), inscription datée entre mars 528 et mars 529 du soldat Ibrâhîm fils de Mughîra à Usays( à 105 km au sud-est de Damas), inscription datée de 568 ap. J-C d'un chef de tribut dévot de saint Jean-Baptiste à Harrân(Syrie à 80 km au sud de Damas)
[3] Alfred-Louis de Prémare, Les fondations de l'islam, op.cit.p.241
[4]Il s'agit de ibn Khallikân et de Balâdhurî.Ci-dessous extraits de leurs affirmations.
Ibn al-Kalbî ainsi qu’al-Haytham Ibn Adi rapportent que celui qui amena cette écriture de Hira au Hedjâz fut Harb, le fils d’Umayya ibn Abd-Shams b. Abd-Manâf al-Qurashî al-Umawî. Il était allé à Hîra et en avait ramené cette écriture à La Mecque. Ils ajoutent : On interrogea Abû-Sufyân, fils de Harb : « De qui ton père tenait-il cette écriture ? »Il répondit : « De Aslam Ibn Sidra et, dit-il, j’ai demandé à Aslam : De qui tiens-tu cette écriture ?-De celui qui l’a créée, m’a-t-il dit, Murâmir Ibn Murra .» L’apparition de cette écriture eut donc lieu peu avant l’islam.
Ibn Khallikân, Wafayat, III ,344 trad. A.-L de Prémare cité in Les fondations de l’islam p.443
[..]"Trois hommes des Tayyi'de Baqqa-il s'agissait de Murâmir Ibn Murra, d'Aslam Ibn Sidra et de Amir ibn Jadara-s'accordèrent pour instituer l'écriture en prenant l'alphabet syriaque pour modèle de l'alphabet arabe. Ce fut de ces hommes que des gens d'Al-Anbâr l'apprirent, puis les habitants d'Al-Hîra l'apprirent des gens d'Al-Anbâr."[..]
Balâdhuri, Futûh,p.659-661 trad. A.-L de Prémare cité in Les fondations de l’islam p.442
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[..]"Trois hommes des Tayyi'de Baqqa-il s'agissait de Murâmir Ibn Murra, d'Aslam Ibn Sidra et de Amir ibn Jadara-s'accordèrent pour instituer l'écriture en prenant l'alphabet syriaque pour modèle de l'alphabet arabe. Ce fut de ces hommes que des gens d'Al-Anbâr l'apprirent, puis les habitants d'Al-Hîra l'apprirent des gens d'Al-Anbâr."[..]
Balâdhuri, Futûh,p.659-661 trad. A.-L de Prémare cité in Les fondations de l’islam p.442
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[5]Alfred-Louis de Prémare, Les fondations de l'islam, op.cit.p.243
Voir aussi l'exposé de la BNF http://expositions.bnf.fr/livrarab/arret_sur/ecritures/origines.htm On remarquera que la BNF ne peut s'empêcher de reprendre- sans aucune distance critique et sans aucune mention aux travaux scientifiques sur ce sujet- tel quel la tradition islamique. Exemple : "Révélée oralement au Prophète à partir de 610 et ses transcriptions rassemblées en 653 par 'Uthmân, la parole divine insuffle un formidable élan à l’écriture." voir les livres de François Deroches notamment son livre" Manuscrits Moyen-Orient Essais de Codicologie et Paléographie, BNF,1989 et Manuel de codicologie des manuscrits en écriture arabe, Bnf,2000
1 commentaire:
C'est un bon article... toutefois, tous les musulmans ne pensent pas comme CERTAINS islamologues qui ont dit que l'écriture arabe est survenue avec le Coran... ils se doutent bien qu'une écriture ne s'invente pas en quelques années, surtout pour une langue aussi aboutie...
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